Le grand silence (05 janvier 2007)

Une longue file d’attente sur le trottoir devant le cinéma l’Arlequin, rue de Rennes. Une assistance attentive dans un silence quasi religieux. Elle marque sa satisfaction par des applaudissements à la fin de la projection.

Pas d’action, pas de musique, simplement les bruits de la vie de tous les jours dans ce monastère de la Grande Chartreuse. Un cadre exceptionnel au flanc de la montagne dans le Vercors. On devine que la vie doit être rude sous ce climat. On entre dans ce monastère en hiver, quand la neige a tout recouvert. La caméra s’introduit partout, voit tout, d’abord le moine agenouillé à son prie-dieu. Elle insiste pour nous dire qu’il passe de longues heures en contemplation. Puis ce sont les occupations, sans éclat, de la vie de ce solitaire, dans ce cadre si rustique: lectures, repas, préparation de la provision de bois pour l’hiver. Ce sont aussi les temps de vie commune, à la chapelle, au réfectoire le dimanche, à la promenade une fois par semaine.

L’ambiance vous saisit. On redécouvre les vertus du silence, la poésie que recèle les choses les plus simples : le spectacle changeant de la nature selon les saisons, le bruit de la pluie qui tombe, le vent agitant la forêt… On se prend à penser que l’agitation perpétuelle de notre monde nous a, semble-t-il, entraînés dans une course folle qui nous a rendus aveugles sur les beautés ordinaires de ce monde.

Le spectateur brûle du désir de connaître le secret de ces hommes qui ont choisi de vivre une vie si différente de la nôtre. Les voici, au plein de l’écran, l’un après l’autre. Leur regard intense, plusieurs secondes durant nous pénètre : beaux visages pacifiés dont on envie la profondeur !

Un beau film à voir. Ce n’est pas ce qu’on présente d’ordinaire au cinéma. Un film qui nous incite à faire retour sur nous-mêmes, à redécouvrir le sens de la transcendance, la profondeur des choses.

fr Bernard M.

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