Vacances ou vacance ? (20 juillet 2007)

 

Que ce mot soit prononcé, et voici que chacun de nous, soudain débarrassé des obligations quotidiennes, se trouve investi d'un nouvel état d'esprit où se bousculent cent projets que nous gardions pour nous-même, sans savoir si nous pourrions les réaliser un jour.

Parfois, ces projets apparaissent comme futiles, presque indécents à mettre en œuvre, tant les problèmes de la cité sont d'une autre échelle.

Mais aujourd'hui, ce sont les vacances ! Alors, la magie fait son œuvre, car le mot sous-tend découverte, approche de l'inconnu, fils du hasard. L'imprévu a ici toute sa chance de surgir. "Vacances" est un mot qui nous précède dans la rupture avec un  passé lointain ou récent, passé couleur gris-souris, où les brumes du banal noient les soleils du rire, de la danse et des chants.

Mais c'est aussi un mot qui porte en son sein le sens d'une interrogation. Vacances, oui… mais pour quoi faire ?
Une première réponse pourrait être : d'abord ne rien faire… car faire, c'est toujours agir, s'agiter, produire quelque chose avec plus ou moins de bonheur. Produire du bonheur ? Ah! Cette fameuse productivité, cela sonne comme : PIB, PNB, stats de l'I.N.S.E.E… dont nos oreilles sont rebattues à longueur d'année. Par un curieux et subtil contresens l'envers de ce mot serait-il devenu l'enfer d'une réalité productiviste, cachée derrière le miroir brisé du rêve ?

Et si tout cela aboutissait à un terminus sans issue, où stagnerait un ersatz de bonheur, de bien-être, ingrédients réduits à une peau de chagrin où les tensions du corps, les aspirations de l'âme se dissolvent, sans pour autant combler le vide, la béance, l'abîme, lieux communs où se retournent et se débattent nombre de nos contemporains insatisfaits.

Mais nous-mêmes, sommes-nous prêts à nous mettre en "vacance", afin de méditer sur le sens étymologique du mot, à la fois magique, ambigu et presque métaphysique ? Les portes du sens qu'il nous ouvre, ne devraient-elles pas nous obliger à briser les chaînes de notre nuit intérieure, pour accéder aux fenêtres d'une vision élargie de la vie ?

Car dans notre société consumériste, aliénante, nous sommes devenus sourds, muets, autistes à tout message de vérité, à toute parole de lumière. " Vacance " devrait nous permettre d'accéder à l'horizon caché de nous-mêmes, redécouvrir autrui, se réapproprier le sens fondamental de la vie et de son corollaire, la mort. Enfin, pour nous chrétiens, nous rapprocher de la présence divine.

A ce niveau de signification, le mot  " vacance" prend son entière plénitude, lorsqu'il s'accompagne d'un voyage vers la transcendance, l'au-delà. Alors, "vacance(s)"?  Un mot qui nous propose les outils nécessaires pour défricher un pays abandonné à lui-même, où les jachères de l'habitude submergent la clairvoyance de l'esprit.

Vacance(s)  ? Un pays transparent, sans frontière aucune. En attendant, bonnes et belles vacances à vous tous !
                                                                                                                                                                                            R.R
 

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