La fabrique de sentiments (11 mars 2008)

« La Fabrique des sentiments »  film de Jean-Marc Moutout
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On pourrait presque dire : « la faillite des sentiments ». Voilà un film de sociologue fin et pertinent. Pas facile pour une fille sérieuse qui a tout misé sur sa réussite professionnelle de se transformer en candidate au mariage…Héloïse est pragmatique. Elle est à la fois naïve et «experte» sociale puisqu’elle est clerc de notaire ; vulnérable et avertie. Au sommet de sa carrière, à l’occasion d’un problème de santé qui l’affole quelque temps, elle décide tout à coup de rompre avec sa solitude, alors même que toute sa vie s’est jusque là accomplie sur une secrète connivence avec celle-ci : appartement design parfaitement rangé, douceur et intimité du luxe, compétence affichée au travail. Cette réussite, bâtie sur des qualités de courage et d’endurance prend soudain le visage grimaçant de la faillite personnelle et de l’isolement social. Comme pour le film « Paris » de C. Klapisch, la sonnette d’alarme c’est le corps qui « cloche », qui craque. Ici, c’est dans le cerveau, il faut opérer.

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Fascinant narcisse, volontaire et déterminée, notre petite soldate, la lumineuse Elsa Zylberstein, s’attaque à ce nouveau défi : rencontrer des hommes lors de speed-dating, ces soirées où 7 couples ont 7 minutes à chaque fois pour se rencontrer. On sent Héloïse désarçonnée intérieurement, mais, bravache, elle s’accroche. Dans sa naïveté, elle prend des risques.elle ne connaît pas la duplicité masculine. Premier attachement, première trahison, malentendus pour le reste : déception, rejet, violence. C’est grâce à la faille biologique venant au secours de la force d’Héloïse que le partenaire falot ouvrira les yeux et mettra un terme à ses sombres élucubrations.

La fin, avec l’affichage de la nouvelle réussite, familiale et parentale –puisque tout doit être réussi- ne surprend pas, même si elle froisse le « moralement correct » ; dans ce monde fragile et surcompensé aux bases affectives carencées, ce qui compte, c’est la façade de conformité. La vibration intérieure de l’âme ne peut être que «clandestine». Dans ce monde même les enfants ne sont qu’un élément de la réussite individuelle.

Avec ce film, la question posée est la suivante : Est-il possible, est-il souhaitable de tout réussir dans sa vie ?  A chacun d’y répondre.
Marie-Josée Carita

08:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fabrique de sentiments, Jean-Marc Moutout, Paris 14, 75014 |  Facebook | |  Imprimer |