« Paris » film de Cedric Klapisch (14 mars 2008)

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Paris est malade, Paris est en sursis. C’est une maladie de cœur. Elle peut être mortelle, à moins que… Mais avant l’issue fatale, Paris vit, court, observe Paris vivre. Paris, c’est Pierre, danseur au Moulin Rouge. Par sa fenêtre, il voit mille choses, mille vies. Oui, Paris se laisse regarder, admirer. Car Paris est grand, beau, vibrant. Paris clame ses splendeurs par la bouche d’un grand expert en histoire : grandiose Fabrice Luchini, emphatique au possible devant son auditoire, béat et pitoyable en amoureux. Car le cœur  de Paris bat au rythme de ses amours, prof-élève, frère-sœur, amours adultères ou étudiantes…Paris fait ses défilés de mode, Paris fait son marché, s’approvisionne à Rungis (spectacle garanti) ; Paris se sourit, se rencontre, s’aime, se réconforte, se chante, pleure, rit, danse, tout étonné d’être, à la veille de sa mort annoncée, si vivant !

De l’autre côté de la mer, loin, si loin, d’autres morts en sursis -mais eux sans espoir- s’embarquant au péril de leur vie, destination la capitale. A la question de l’un d’eux à son passeur : « ça en vaut vraiment la peine ? » La réponse tombe, comme un gong : « Et comment ! » alors Paris ? Hé bien oui, plutôt  deux fois qu’une. Et la vie continue…

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Tous les acteurs sont stupéfiants de naturel, de sympathie, de lumière, de fragilité, de générosité.  Romain Duris nous fait hurler à la l’injustice qui le frappe.  Lui qui aime tant la vie, qui la danse si bien. Juliette Binoche est Elise, la sœur de Pierre, la soeur, la complice, l’amie qu’on aimerait tous avoir. On retrouve avec plaisir le profil et les yeux sublimes de Mélanie Laurent qui a des airs bouleversants de Françoise Dorléac. Albert Dupontel, François Cluzet et les autres sont formidables mais parmi ce fantastique panel d’acteurs, aucun ne s’impose par rapport à un autre, c’est le miracle du film choral. De même, les musiques du film nous offrent de très beaux moments mais il n’y a pas l’air qui accompagnerait le film comme une seule et même respiration.
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 Non, tout doit rester multiple. Klapisch n’est pas Lelouch ni Kubrick, certains pourront le regretter. Impuissance ou refus d’un créateur de monter son film autour d’une unité « impérialiste », un grand rôle, un grand refrain musical ? Non, on aime le « Paris » de Klapisch, tous ses acteurs sont des premiers rôles et, même en sursis, son Paris multiple et sentimental en diable est bel et bien vivant, jusqu’au bout…de la pellicule.

Dans son rôle de boulangère raciste, Karin Viard vaut, à  elle seule, le déplacement !

Marie-Josée Carita

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