J.M.G le Clézio ou l'incontournable puissance du rêve (08 novembre 2008)
Un petit livre d’entretiens : « Ailleurs » écrit par Jean-louis Ezine et l’auteur « du Procès-verbal », a retenu notre attention. Il s’agit d’un interview diffusé en novembre 1988 sur France-Culture et qui dévoile les multiples aspects de la personnalité de l’écrivain, tant sur le plan de sa manière d’écrire que de l’influence de sa vie personnelle sur les sujets retenus pour l’élaboration de ses livres.
Ainsi, à propos de l’importance de la présence du rêve dans la création, Le Clézio disait ceci : « … il me semble que le plus agréable des rêves, c’est le rêve inutile, le rêve qu’on fait pour rien. Ce qui est bien, c’est de rêver, à six heures du matin, qu’on a écrit le plus beau roman du monde, et de se rendormir, et de l’oublier. C’est formidable de pouvoir oublier par la suite. Pour moi, l’idéal de l’écriture, c’est d’arriver à rejoindre çà. C’est un peu contradictoire, mais c’est çà : écrire sans savoir où l’on va, en laissant les choses se faire d’elles-mêmes, sans aucun plan – même pour un essai ; écrire en jetant des phrases, en les regardant s’ajouter les unes aux autres et, ensuite, regarder la page, avec tous les blancs que l’écriture a laissés un peu partout – parce qu’une page écrite, c’est plein de blancs, c’est très curieux. Cà, c’est bien ; c’est laisser dériver le fil… »
On voit bien ici la forte relation qui existe entre la réalité de l’œuvre ( livre, musique, peinture, etc…) et le « moteur » du rêve, c’est-à-dire la projection inconsciente d’un idéal qui anticipe toute idée de vérité objective. On est ici au cœur même du phénomène de la création. Ce sont là des paroles qui ouvrent les portes secrètes d’un lieu où l’esprit se délivre « respire », s’accomplit pour accéder en définitive à la lumière d’une réalité rêvée.
R.R – Ailleurs : Ed Arléa – diffusion Le Seuil – Prix : 5€/ se trouve aussi en poche
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