II - Un survol historique de la paroisse de Saint -Pierre-de-Montrouge (26 août 2009)

II : A LA RECHERCHE D'UNE EGLISE

Il faut attendre les années 1820-1825 pour constater une notable reprise des activités économiques, commerciales et pré-industrielles, principalement au Petit-Montrouge, avec une médiocre urbanisation, mais avec une sensible arrivée de nouveaux habitants. C'est bizarrement dans ce cadre de développement matériel que vient se poser le problème des besoins cultuels de la population. Ici, la situation est des plus complexes à décrire. Il y faudrait la plume d'un grand historien, et nous ne sommes que de modestes défricheurs, en ce chapitre d'une complexité exemplaire. Essayons quand même :

Il importe en premier lieu de noter que, si le Grand-Montrouge avait bien, depuis le XIIIe siècle, une paroisse au sens religieux du terme, autour d'une église de Saint-Jacques-le-Majeur et Saint-Christophe, agrandie au XVIe siècle, cet édifice tombait en ruine au début de la Révolution. Celle-ci interrompit d'ailleurs le culte catholique, qui ne reprit tant bien que mal que sous le Directoire, puis sous l'Empire. Mais dès 1809, cette église fut interdite d'accès pour cause de danger d'écroulement, et les Grands-Montrougiens durent se contenter d'une minuscule chapelle. Or, ils ne pouvaient pas se retourner vers leurs concitoyens du Petit-Montrouge, puisque ceux-ci n'avaient sur leur territoire aucune église...

Le problème des paroisses dont relevaient ces derniers a été controversé, mais nous avons pu, en consultant le "Plan des Paroisses de Paris" dressé en 1786 sur l'ordre de Mgr Leclerc de Juigné, Archevêque de Paris, résoudre la difficulté. On constate sur ce document que toute la partie nord du Petit-Montrouge comprise entre l'actuel boulevard de Port-Royal et une ligne bizarrement en dents de scie joignant la rue de la Tombe-Issoire et les avenues du Général-Leclerc et du Maine relevait de la paroisse Saint-Jacques, dans le 5e. Au contraire, toute la partie sud dépendait de la paroisse Saint-Hippolyte (dont l'église, supprimée en 1791, était située vers l'entrée de l'actuel boulevard Arago, dans le 13e, et a été démolie au début du siècle dernier). On imagine les trajets imposés aux fidèles par ce découpage qui dura des années.

 

D'UN ARCHEVEQUE A L'AUTRE...

Il est bien évident que cette situation ne pouvait se perpétuer. Elle dura pourtant fort longtemps : au Grand-Montrouge, la première pierre d'une nouvelle église ne fut posée qu'en 1823, et le monument ne fut achevé qu'en 1828. Au Petit-Montrouge, ce ne fut que bien plus tardivement encore qu'une solution intervint ; voici pourquoi et comment :

L'Archevêque de Paris depuis 1821, Mgr de Quélen, ne mourut en effet qu'à la fin de l'année 1839. Or, s'il était bien en cour sous la Restauration, il n'en allait plus de même depuis l'accession au trône de la branche cadette d'Orléans en 1830, et le prélat n'avait pas, comme on disait, l'oreille du roi-citoyen. La demande d'une église au Petit-Montrouge demeura donc sans suite jusqu'au successeur de Mgr de Quélen, Mgr Affre, bien vu de Louis-Philippe, au moins dans les commencements.

En effet, le nouvel Archevêque de Paris (1840) n'était nullement opposé à l'érection d'une église et la création d'une paroisse au Petit-Montrouge, ce prélat, proche du peuple, ayant une ample tâche de rechristianisation à assumer. Mais le "roi-citoyen" était devenu sensiblement moins libéral depuis les "trois-glorieuses" de 1830. Aussi n'était-ce que sept années plus tard (1847 : veille de la révolution de 1848) que les choses commencèrent à bouger. Entre-temps, un curieux phénomène sociologique s'était manifesté par l'apparition d'une pseudo nouvelle religion, qui retarda encore le libre et plein exercice du culte catholique par les Montrougiens.

R.L.C.

 

 

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