la rue Gauguet (17 septembre 2009)

Si vous êtes flâneur invétéré, alors, allez vous promener du côté de la rue de l'Aude et de la rue des Artistes. Vous découvrirez une rue "oubliée", propice à la rêverie, celle qui conduit là où vous n'avez jamais voulu aller. Vous vous laisserez ainsi porter par le sens de la marche, celle qui offre mille surprises.

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Salvador  Dali et et sa femme Gala s’installent au n° 7 rue Gauguet, dans le 14e, près du réservoir de Montsouris au mois de juillet 1932

Que peut-on voir rue Gauguet ? Un peintre ou plutôt l'atelier d'un peintre devenu célèbre, qui à 41 ans en 1955 a préféré quitter ce monde. Il s'agit de Nicolas de Staël, dont le Centre Pompidou a consacré une magnifique exposition en juin dernier.

Simple rue en impasse d'ailleurs. C'est là que Nicolas de Staël a donné toute sa démesure. En effet, l'atelier dont la hauteur de plafond atteignait les 8 mètres, permit au peintre de se "donner" à la peinture, celle-ci sauvage, à la mesure du physique de Nicolas. Délaissant le chevalet, accessoire suranné à ses yeux, il peint à même le sol, faisant exploser littéralement le cadre par trop conventionnel de ses prédécesseurs.

Mais si la rue Gauguet focalise ainsi l'attention par son aspect un peu démodé d'une rue de province, elle se découvre comme la mémoire revivifiée par le vent invisible de l'Art. Et d'ailleurs, cette rue à travers une toile du peintre, n'a-t-elle pas déjà voyagé en s'expatriant aux Etats-Unis : le Museum of Fine Arts de Boston l'ayant recueillie ?

Mais là, ne s'arrête pas la seule découverte essentielle à notre flânerie. Ce quartier, si proche du parc Montsouris, a vu un autre "initiateur" de Nicolas de Staël : Georges Braque. Celui-ci en a été un des premiers admirateurs et a reconnu de suite la violence, la puissance qui  émanaient des œuvres de Nicolas, le recevant dans sa maison située non loin, face au parc et baptisée rue Georges Braque...

Ainsi, de la rue Gauguet à la rue Georges Braque, un lien secret, une "correspondance" s'établit. C'est un couloir où l'imaginaire du promeneur  peut se nourrir des ombres qui ont fui depuis longtemps, mais qui par la magie de leur écho, sont toujours aussi présentes à notre esprit. Le bruit de nos pas s'inscrit alors dans la longue marche de deux peintres,  qui habitèrent en leur temps notre quartier et dont la renommée est devenue universelle.

R.R

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