L'oasis d'une villa (28 juillet 2010)

 

 

Lieu minéral par excellence, la ville laisse survivre parfois, par oubli ou par simple générosité sans doute, des espaces  incertains, qui semblent appartenir à une époque effacée, à un autrefois qui continuerait de repousser avec une patiente obstination, le béton gris d'un urbanisme moderne, si désespérément affligé de médiocrité.

Ainsi, la Villa Deshayes. Ici, le vocable irradie une sorte de musique bucolique, quasi aérienne. Elle offre au flâneur le souvenir d'une mélodie surannée, si tant est que le promeneur égaré puisse se laisser apprivoiser par le silence et la grâce , jointes à une sérénité toute provinciale. De petits immeubles sans prétention, quelques villas, des jardinets pour marionnettes d'où s'échappent une glycine, quelques lilas, des touffes élancées de bambous, et tout au fond de l'impasse, un grand arbre - je crois qu'il s'agit d'un sapin nordique - confèrent à ce lieu l'atmosphère d'une thébaïde reculée, où seul un ermite inspiré offrirait le goût de la méditation au promeneur égaré ; celui-ci, soumis à l'éveil et à la floraison du silence, de son propre silence intérieur, poursuivrait son chemin, soudain illuminé par une joie intime, assistant ainsi à sa propre renaissance.

L'apaisement ressenti convie chacun, à espérer que le rêve ne s'effacera pas au contact de l'écho turbulent de la rue Didot, toute proche. A cet instant, vous retenez votre souffle. L'éternité n'est pas loin de vous submerger.

R.R

 

05:00 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : villa deshayes, dans le 14e |  Facebook | |  Imprimer |