Quand les souris dansent à Montsouris (13 avril 2012)
Une promenade, c’est suivre le chemin de sa fantaisie, c’est l’aventure d’une échappée dans la cité, c’est traverser le lacis sinueux des rues, sans se préoccuper du but à atteindre, c’est respirer l’air frais d’une belle après-midi de printemps, pour enfin aboutir à l’entrée d’une jardin élaboré au 19e siècle sur d’anciennes carrières, c’est aussi découvrir le plaisir réservé au flâneur distrait, à la recherche de surprises impromptues.
C’est ainsi que le Parc Montsouris, se fait accueillant, prêt à nous initier au murmure de ses arbres, quelques uns remarquables, d’autres plus modestes, mais dont les frondaisons ombreuses nous enveloppent d’une bienveillance bucolique.
Notre élan prend alors une certaine nonchalance et se mesure au silence du lieu, quoique nous percevions, traversant les bosquets touffus, les ondulations des pelouses, le calme, la sérénité que seule une campagne vierge de toute présence humaine, pourrait nous offrir, assurés de partager une sorte de complicité réciproque.
Ici, des enfants jouent à faire circuler des voitures minuscules sur les pentes rocheuses de montagnes lilliputiennes. Là, un petit train attend des voyageurs pour faire une circuit de poupée. En face, une boutique : « La Souris verte », propose des glaces, des sorbets, des rêves de saveurs sucrées. Non loin, le pont qui surplombe les voies de l’ancien chemin de fer de Sceaux, devenu le R.E.R «B », nous incline à penser qu’au-delà du tunnel, que surplombe le bâtiment de la station « Cité Universitaire », il y a le Sud, d’autres cieux, d’autres rivages, d’autres monts, et que le Mont Souris n’est qu’un avatar improbable, une colline boisée de rêves, qu’un urbaniste frustré de n’avoir pu réaliser un jardin plus somptueux, plus impressionnant, eût conçu afin de se mesurer au cercle étouffant de la mégalopole, de l’immense pieuvre qu’est devenue Paris.
Mais voici que la pente nous attire en contre-bas, vers un lac où méditent deux cygnes blancs et un cygne noir, glissent des colverts impatients, musardent des bernaches, s’élancent de petites mouettes rieuses, vers un ciel laiteux que n’auraient pas refuser un Sysley, un Monet, ou un Corot. L’île aux oiseaux est un havre de paix, où l’agent ailé se repose, se nourrit, nidifie dans une parfaite nonchalance, due sans doute à la sécurité offerte par ce lieu unique.
Sur l’allée qui cerne le lac, de petits poneys ravissent des enfants perchés sur leurs croupes. Que de rêveries à cheval dans les plaines du Far West ! A deux pas, c’est Guignol et ses facéties qui comble de rires les petits.
Mais, si votre promenade a alourdi votre corps, vous serez conquis par la « Bonbonnière », la crêperie bucolique du parc. Là, vous aurez tout loisir d’écouter chaque week-end, une vieille dame et son orgue de Barbarie… De vieux airs, des chansons d’un autre âge, des comptines berceront votre oreille, et la mélancolie saura vous rendre attentif à l’atmosphère d’antan, où une bonhomie simple et sans détour traversait les foules.
Oui, le parc Montsouris devient soudain le petit paradis que l’on n’espérait plus, un petit jardin d’Eden, un lieu où les souvenirs de l’enfance n’ont rien à craindre de votre visite. Ils sont éternels.
R Rillot, photos A. Constans
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