La petite histoire de nos rues (IV) (08 septembre 2012)

                                         De la rue d'Enfer à l'avenue Denfert-Rochereau

Depuis plus d'un siècle, une controverse s'est établie sur l'origine du nom de la rue d'Enfer. Avant 1569, la rue s'est appelée, "chemin de Vauvert". L'hypothèse la plus tentante est de voir dans ce nom infernal ( voir l'expression " Au diable Vauvert"), une allusion aux fameux diables du château de Vauvert, qui était très aproximativement sur le site actuel du jardin du Luxembourg ; ces diables, sans doute des malfaiteurs, se réfugiaient dans les ruines de l'ancien château, bâti en l'an mil par Robert II.  En 1258, Saint-louis en fit don aux Chartreux qui y construisirent leur abbaye et  y restèrent jusqu'à la Révolution.

Une hypothèse plus rationnelles est celle-ci : le mot "Enfer" serait la corruption ou la mutation par un jeu de mot inconscient de l'appellation de la " Via inferior" romaine qui doublait  "un peu plus bas", c'est-à-dire à l'ouest la "Via Superior ", route de Lutèce à Aurelianum" ( Orléans),  future route de cette même ville  (rue Saint-Jacques et du Faubourg Saint-Jacques). La légende des "diables de Vauvert" a très bien pu s'amalgamer à ce phénomène toponymique et sémantique.

Pour couronner le tout, en 1879, la municipalité parisienne a fait de la rue d'Enfer, la rue Denfert-Rochereau ( promue depuis avenue) par un second jeu de mot, probablement volontaire celui-là, et qui rappelle le souvenir du défenseur de Belfort durant la guerre de 1870. Le fameux lion de la Place Denfert symbolise  la résistance courageuse de ce colonel, face aux armées prussiennes.

Pour conclure, l'actuel boulevard Raspail restera " boulevard d'Enfer" jusqu'en 1887. Signalons qu'à la hauteur du numéro 247 de ce boulevard, se situe "un passage d'Enfer"... Libre à chacun de rêver à cet "enfer" qui n'en finit pas de nous poser des questions "infernales" !

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