La rue orpheline (05 février 2013)
Un proverbe africain affirme : « un vieillard qui meurt c’est une bibliothèque qui brûle ». La rue Alphonse Daudet illustre à merveille cette pensée, à savoir que la « Bouquinerie d’Alésia », lieu bien vivant depuis plus de dix huit années, a rendu son dernier soupir durant le mois de janvier 2013.
Les temps changent à une vitesse accélérée. Le livre « papier » a perdu de sa noblesse et la charge affective qu’il portait s’est effritée. Les « tablettes » et autres smartphones ont fait leur percée imparable. La lecture n’est plus la seule fenêtre ouverte sur le monde. La vitesse liée à l’image a remplacé le temps de la méditation propre au livre. Ainsi, vivons-nous dans l’instant qui s’efface devant l’instant qui suit.
Bref, insensiblement nous changeons notre rapport au monde. Nous devenons les orphelins d’un passé dont l’horizon s’éloigne de plus en plus, et comme le poète nous pouvons dire à propos d’une librairie disparue : « un seul être vous manque et tout est dépeuplé… ».
Oui, la Bouquinerie était ce refuge où les livres se sentaient vivants, à leur aise, en un mot heureux. A vouloir être l’esclave des temps nouveaux, pourrons-nous encore un jour tourner la page d’un moment de bonheur partagé ?
R. Rillot
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