Tsunami dans la vallée des gaves : Lau-Balagnas, Argelès et Adast (65) (26 juin 2013)
Nous avons reçu de l'une de nos rédactrices un témoignage sur les inondations dans les Pyrénées auxquelles nous sommes reliés par la gare Montparnasse.... nous pensons qu'il pourra intéresser les habitants du 14ème, il est complété par des photos trouvées sur internet.
Tsunami dans la vallée des gaves : Lau-Balagnas, Argelès et Adast (65)
"A notre retour de Pierrefitte où nous répétions pour la rencontre des chorales à Bagnères de Bigorre, dimanche, j’ai demandé à M. de nous faire passer par Saint-Savin pour voir l’étendue de l’inondation. Depuis la terrasse panoramique du village où nous avons garé la voiture, la plaine se découvre avec de place en place de larges piscines d’où émergent des ballots de foin éparpillés comme un gigantesque jeu de boules ; des granges entourées d’eau, des maisons dans l’eau. Au loin, le lit du gave semble s’être élargi au point qu’on ne le retrouve pas ou mal. Toute la surface de son lit agrandi aux dimensions de la vallée est couverte de boue et, aux coudes des ruissellements, d’arbres empilés et de déchets divers. M., à ma demande encore, accepte de poursuivre jusqu’au bord du gave, là-bas, en bas, pour voir de plus près l’étrange spectacle.
Avant même d’avoir atteint les lieux, nous traversons le quartier qui mène au pont du gave, à l’extrémité d’Argelès. Les maisons de ce côté ont reçu des vagues de boue et on peut voir les entrées des garages, les abords cimentés, encore bruns de la terre qui a déferlé.
Les berges du gave offrent le même spectacle que l’année dernière , largeur décuplée de l’eau, embourbement des arbres, branches et troncs arrachés fixés en tas aux îlots boisés. Plus loin nous arrivons au lieu-dit des « mares », recherché par les amateurs de pêche à la truite. Un premier pont est détruit. Consternation, puis nous voici au lieu du parking aménagé en aire de repos au départ des promenades autour des deux lacs : plus rien ne subsiste de ce lieu de beauté et de paix. A la place, la route étroite qui y menait se jette directement dans le gave, à moins de 10 mètres de la grand-route. Ce que j’appelle le gave : maintenant un immense espace ouvert dans la terre, dont on voit au loin l’autre rive surlignée par la barre sombre de la pelouse déchirée des remblais autrefois verdoyants. Sur toute la surface éventrée, des dizaines de ruisseaux s’étalent et continuent de courir à une vitesse incroyable à travers des centaines de troncs déracinés, pelés , échoués comme des grandes barques désolées et brisées. La vue de cette forêt tombée sur ce champ de bataille labouré par la furie dévastatrice des eaux nous anéantit. Un groupe de badauds se tient là, inquiets et silencieux. Eux aussi restent sans voix devant le spectacle inouï qui se déploie là sous nos yeux. Nous assistons, muets, à ce que les éléments ont fait, poussés par la logique implacable des lois de la nature qui s’emballent avec l’accélération des phénomènes climatiques désordonnés. Le mois de juin, ici, a vu à la fois une pluie quasi - constante, des chutes de neige importantes sur les sommets, plus des journées de chaleur caniculaire. Dimanche la neige a fondu, les ruisseaux ont connu une double et même triple crue avec le retour de la pluie. L’avertissement est donné, et maintenant, des contreforts vont devoir consolider les berges de nos torrents, aménager les plaines pour recevoir ces trop pleins venus des hauteurs.
Aujourd’hui, les tsunamis ne viennent plus seulement sur les régions côtières du monde ; ils descendent aussi des montagnes. Il paraît que les pentes des Himalayas sont menacées elles aussi des prochains grands tsunamis occasionnés par la fonte accélérée des glaciers . Avec la répercussion mondiale par les media de la chute de neige exceptionnelle enregistrée cet hiver à Cauterêt- 5m dans les rues - nous voici à nouveau dans l’œil du cyclone. Puissions-nous servir de sentinelle avant-garde et mettre en place des solutions qui serviront à d’autres, et déjà les avertiront avant la prochaine catastrophe dont nous ignorons le lieu, malheureusement, mais pas les effets, ni la fatalité."
Vendredi 21/06/13, trois jours après le tsunami des gaves( 18/19)
MJ Carita
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