Une prairie sur les rails (22 avril 2014)
Quiconque espérait voir grandir et prospérer sous ses fenêtres un long ruban de prairies, eût été considéré comme un doux rêveur. Mais aujourd’hui, ce ruban vert existe déjà, et cela grâce à la ligne du tramway T3. C’est un miracle de voir ces quelques miettes de chlorophylle surgir entre les rails de ce chemin de fer urbain. Cela se passe sur les boulevards des Maréchaux, dans un Paris quasi asphyxié.
Ainsi, dans la brume du matin, ce sont d’abord des oiseaux, que je devine être des étourneaux et qui viennent glaner sur l’herbe quelques semences égarées. Je les vois s’affairer en silence et avec sérieux, fiers de découvrir leur nourriture journalière et gratuite. Soudain, ils s’envolent avant que le rugissement d’acier proféré par la gueule du tramway, lancé à plus de trente à l’heure, n’ait eut raison de leur hasardeuse témérité.
J’ai pitié de ces oiseaux, mais qu’y puis-je ? Sinon regretter l’ardeur de la vitesse de ce serpent urbain, et ne pas refuser en compensation à la brutalité aveugle, le plaisir de découvrir, ici et là, quelques touffes de pâquerettes qui elles, n’ont aucune défense devant l’orage provoqué par un monstre venu d’ailleurs.
Oui, cette prairie aux herbes frissonnantes formera autour de la Capitale comme un collier d’une reine en majesté. Paris alors, à travers le plaisir que notre regard découvrira, sera le serviteur attentif et bienveillant pour les amoureux d’une nature souvent oubliée.
R.R
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