Les carriers du quartier du Petit Montrouge (07 juin 2015)
On sait que le sous-sol du plateau de Montrouge et de ses environs appelé autrefois « Plateau de Misère » comportait jusqu’à Bagneux et au-delà des bancs de pierre calcaire qui ont fourni jusqu’au début du 20ème siècle les pierres nécessaires à la construction de nombreux édifices et immeubles parisiens. (plan des carrières à Paris, montrant le le 14e était bien l'arrondissement le plus concerné)
Un chroniqueur du 19ème siècle sous Louis-Philippe, décrivait ainsi les terrains situés à partir de la barrière Saint Jacques et qui s’étendaient sur la commune de Montrouge : « des terrains pelés, des sentiers pierreux, de loin en loin des touffes d’herbe rase que paissaient des chèvres. Par ci, par là, des vieux fours à puisards desséchés. Ce triste paysage n’était coupé que par d’énormes roues de bois servant à l’extraction des carrières de pierres. L’été, un semblant de végétation atténuait l’impression de laideur de ces lieux. On y voyait des guinguettes qui abritaient rapins et grisettes dégustant une gibelotte arrosée de petit vin blanc… »
Ces lieux avaient pour nom « le Plateau de Misère » ; ainsi, concernant l’actuelle rue Saint Yves, un ancien cadastre indiquait le nom de « Terrain de Misère ».
C’est en ces lieux que les carriers exerçaient leur dangereux métier. Des villages de Montrouge, d’Arcueil et de Bagneux, ils se rendaient aux puits disséminés sur le plateau. Personnages « hauts en couleur », ils avaient les mains calleuses et crevassées, leurs vêtements avaient pris la couleur jaune de la terre des carrières. On les surnommait « les dandys à pattes jaunes ». Les puits de descente d’une carrière variaient entre 15 et 45 mètres de profondeur. Des carrières à ciel ouvert offraient à la vue leurs roues gigantesques qui s’animaient par les carriers, qui de barreau en barreau, les faisaient tourner. Ces puits et ces roues, il y en avait une trentaine le long du faubourg Saint Jacques et de la Tombe Issoire et une douzaine près de la route d’Orléans.
- Documentation extraite du N° 24 de la Revue de la S.H.A du 14e.
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