Les chiffonniers au 19ème siècle et l'utilisation des carrières (suite) (23 juin 2015)
Nous avons, dans le précédent chapitre, parlé de la « Fosse aux Lions ». Les chiffonniers avaient besoin d’espace et d’abris pour le classement de leurs trouvailles : chiffons, os, vieux papiers, débris de verre, croûtes de pain… C’était un entrepôt, une sorte de marché aux puces.
Chaque chiffonnier avait un surnom. Ainsi : Pépé Boule de suif, le Frileux, Plein de puces, Mort au vin. Du côté des femmes, on avait : Françoise la Chelingoteuse, Anastasie la Trouillotte, Louise la Miteuse, Sophie la Papavoine, Aglaé dite la Chaufferette. Par le choix de son langage, cette corporation accentuait jusqu’au grotesque la disgrâce de chacun et par dérision le cadre où elle vivait ; on trouve en ces lieux : la rue de la Paix, la rue de Rivoli et des masures baptisées Hôtel du Louvre, Hôtel des Ambassadeurs…
Cette société était fortement hiérarchisée suivant les étapes du circuit des ordures. On y trouvait le coureur ou coltineur, le placier, le boutiquier et le négociant, ce dernier occupant le sommet de la hiérarchie. Cette industrie a prospéré tant bien que mal de 1830 à 1880, mais plutôt de mal en pis vers 1860, pour aboutir à un véritable effondrement. Les raisons ont été une réforme réglementaire qu’imposaient les progrès de l’hygiène. L’arrêté du Préfet de la Seine Poubelle, en novembre 1883 imposa à chaque immeuble de Paris, les boîtes qui prirent le nom de « poubelles ». Cela détermina un coup mortel à la profession.
En 1884, une épidémie de choléra amena les pouvoirs publics à suspendre pendant six mois l’exploitation de ces métiers, supprimant ainsi un débouché important pour la réutilisation des vieux chiffons et autres débris urbains. ( à suivre).
Photo Eugène Atget
- Documentation extraite de la revue 24 de la S.H.A. du 14e.
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