« La salamandre » au Cinéclub Pernety mercredi 2 mars 20h à l’Entrepôt (28 février 2016)
Le mercredi 2 mars , le cinéclub du Conseil de Quartier Pernety se tiendra à 20h à l'Entrepôt, 7 rue Francis de Pressensé, 75014 Paris : A l’affiche « La salamandre » , film suisse de A.Tanner de 1971 avec Bulle Ogier, Jean-Luc Bideau, Jacques Denis (2h04)
Pierre, journaliste, et Paul, romancier, travaillent à la réalisation d'un feuilleton de télévision à partir d'un authentique fait divers : une jeune fille, Rosemonde, a été accusée par son oncle de tentative de meurtre à son endroit et relâchée, faute de preuves. Pierre essaie de remonter aux sources de l'événement, tandis que Paul laisse vagabonder son imagination d'artiste. Ils font bientôt la connaissance de Rosemonde. Le tempérament et l'instinct des deux professionnels les amènent à envisager l'ancienne inculpée de manière diamétralement différente. Rosemonde, que l'on dit hystérique et sauvage, semble cacher son jeu...
La projection sera suivie d'un débat et l'entrée est toujours à 4,50€
Critique de Télérama en 2015
Mai 68 étouffé, un goût de cendres volait dans l'air. Et puis jaillit cette comète venue de la banlieue proprette de la France, qui affichait un « Ni Dieu ni maître » helvète plus joyeux que le gauchisme religieux. Depuis, cette Salamandre de légende a conservé sa grâce romanesque. Deux zozos, l'un journaliste, l'autre écrivain, y mènent une enquête autour d'une jeune femme, Rosemonde, soupçonnée d'avoir tiré sur son oncle, puis relaxée. Les compères pataugent dans leur mission, le petit animal qu'ils tentent d'apprivoiser ayant du caractère. C'est Bulle Ogier, fée sauvage sapée en maxi-manteau, minijupe de cuir et bottes. Une ouvrière effrontée qui enfile à la chaîne des préservatifs de boyaux autour de la chair à saucisses — cochon et absurde moment ! —, mais qui change souvent de boulot. Et d'amant. Une insoumise sexy qui préfigure davantage le féminin contemporain que le féminisme antimecs des années 1970.
Face à Bulle l'ultramoderne, il y a le bonheur de jouer de Jean-Luc Bideau, reporter exubérant, orateur-né, et le charme bougon de Jacques Denis, moustache et béret à la Coluche. Les deux font la paire complémentaire, l'un prenant en charge l'aspect documentaire, l'autre la fiction. Le film accroche par son alchimie impure, où se mêlent l'accent genevois, l'anarchisme pamphlétaire, l'emphase de la voix off ensorceleuse (celle d'Anne-Marie Miéville !), aussitôt tempérée par l'ironie des situations. Et une ligne d'harmonium lancinant à la Nico, signée Patrick Moraz. Entre la lecture d'un poème plein d'espérance de Heinrich Heine, la visite hilarante d'un inspecteur de la Défense civile et la virée chez les parents de Rosemonde au fin fond d'une vallée enneigée, le film a de quoi faire tressaillir les téléspectateurs « de douce mélancolie et de joie ». — Jacques Morice Télérama
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