« Désarroi de notre temps et autres fragments sur la guerre » Simone Weil : le 16 juin à la Procure (13 juin 2016)
Pascal David, philosophe, dominicain au couvent de la Tourette à Lyon et Paul Colrat, Normalien agrégé de philosophie, viennent de publier un livre sur Simone Weil. Ils présenteront leur livre à la librairie La Procure à partir de 20H00 le jeudi 16 juin.
"Désarroi de notre temps et autres fragments sur la guerre Simone WEIL"
Dans les jours qui ont suivi le vendredi 13 novembre 2015 et son cortège de massacres qui ont ensanglanté Paris, provoquant la mort de cent trente personnes, après l’annonce de l’état d’urgence par le président de la République et la revendication, dès le lendemain, par le groupe Etat islamique (Daech) de ces « actes de guerre », nous avons relu Simone Weil :
« Notre époque n’est pas la première dans l’histoire où le sentiment dominant soit le désarroi, l’anxiété, l’attente d’on ne sait quoi. […] Cependant on peut dire, sans crainte d’exagérer, que l’humanité dans notre petit coin d’Europe qui depuis si longtemps domine le monde, traverse une crise profonde et grave. Les grandes espérances héritées des trois siècles précédents, et surtout du dernier, espoir d’une diffusion progressive des lumières, espoir d’un bien-être général, espoir de démocratie, espoir de paix, sont en train de s’effriter à une cadence rapide. […]
...Nous sommes placés dans des conditions de vie telles que le désarroi touche et corrompt tous les aspects de la vie des hommes, toutes les sources d’activité, d’espérance et de bonheur. La vie privée, dans son cours quotidien, se détache de moins en moins de la vie publique, et cela dans tous les milieux. […] Le sentiment de la sécurité est profondément atteint. […] La crainte de la guerre, d’une guerre qui ne laisserait plus rien intact, a cessé d’être un sujet de conférences ou de brochures pour se changer en une préoccupation générale. » (Simone Weil)
Les textes rassemblés ici ont tous pour point commun d’avoir été écrits alors que le péril se fait plus insistant mais avant que la guerre n’éclate véritablement sur le sol français, à la fin de l’année 1938 et au long de l’année 1939. S’il est important de les relire aujourd’hui, c’est qu’ils permettent d’éclairer notre époque. Il ne s’agit certes pas de considérer que notre époque ressemble en quoi que ce soit aux années trente, mais de pratiquer un effort semblable, avec la conviction que le diagnostic de notre civilisation, et la thérapeutique, que propose Simone Weil nous sont nécessaires. Simone Weil nous apprend à penser la politique et l’organisation de la société, le terrorisme et la barbarie, la nation et le rôle de l’Etat, la religion et la place qui peut être la sienne dans l’espace public, la France et son destin.
Simone Weil (1909-1943)
est une figure exceptionnelle de la pensée et du militantisme français au XXe siècle. Agrégée de philosophie, ouvrière en usine, résistante, elle participe aux combats politiques et syndicaux de l’entre-deux-guerres. Elle cherche à comprendre ce qui se passe alors en Europe et laisse une œuvre qui témoigne de sa recherche intellectuelle et spirituelle. Dès 1932, elle se rend en Allemagne, comprend ce qu’est le nazisme et devine le péril qui s’annonce. La guerre ne cessera pas d’être à l’horizon de sa pensée. En 1939, elle rompt avec le pacifisme et écrit sur les événements politiques qui déchirent l’Europe, diagnostique le sentiment le désarroi, d’anxiété et d’attente d’on ne sait quoi qui s’empare de toute une génération. Ce sont ces textes sur la guerre, écrits en 1939, qui sont ici publiés parce qu’ils permettent d’éclairer notre époque.
éditions@peuplelibre.fr Contact Loïc JONCHERAY
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