Une histoire du 14ème arrondissement (IX) (30 janvier 2017)
Théâtres, bals et restaurants
Jusqu’en 1860, un seul théâtre : le théâtre Montparnasse existait à son emplacement actuel rue de la Gaîté, mais sous une architecture différente. La salle actuelle fut bâtie bien après le Second Empire, dans les toutes premières années de la Troisième République. Il est à remarquer d’une façon anecdotique que le créateur de ce théâtre nommé Sevestre obtint de Louis XVIII le privilège de l’ouvrir en même temps que le monopole de la fondation des théâtres de tous les faubourgs de Paris. Cette décision de Louis XVIII provenait du fait qu’il avait été témoin de l’identification du corps décapité de Louis XVI, jeté dans une fosse commune du cimetière de la Madeleine, le 21 janvier 1793. Vingt deux ans plus tard, les indications qu’il donna permirent le transfert des restes de Louis XVI à Saint Denis.
En conséquence, jusqu’en 1860, il n’y avait d’autre salle que celle du théâtre Montparnasse. Bobino,Café Concert et petites scènes de revue sous le nom de Folie Bobino n’apparaîtront qu’en 1868.Il faut souligner que la rue de la Gaîté était le lieu de nombreux bals : l’Arc en Ciel, le Jardin de la chaumière, l’Hermitage, les Mille Colonnes, tous servant à boire et à manger au son d’orchestres endiablés. Au numéro 1 de la rue s’élevait un restaurant illustre : le Richefeu. On y déjeunait et dînait sur trois niveaux ; au rez-de-chaussée, les bourgeois y étaient reçus ; au premier, c’était l’étage des ouvriers qui devaient payer d’avance, une sorte d’ancêtre des libres services actuels ; au troisième étage, on consommait des « arlequins », un écriteau prévenait que c’était « au hasard de la fourchette ». Il s’agissait des restes des étages précédents, composites, comme l’habit d’Arlequin. On payait avant de les déguster sur un banc de bois, la table étant un luxe inutile. C’était le rendez-vous des chiffonniers et des croque-morts du cimetière voisin.
Les gueux et les clochards se réunissaient à la Barrière du Maine située sur l’emplacement actuel du magasin Monoprix, rue du Départ : c’était « la Californie ». Ce lieu remontait à 1850, époque où il y avait eu là un bureau recrutant les émigrants attirés par le mirage de l’or récemment découvert dans le 31ème état des Etats-Unis. Ce lieu était devenu une véritable Cour des Miracles, le seul véritable bas-fond du 14ème. Aristide Bruant, 40 ans plus tard reprendra la légende des rodeurs de barrières toujours à la recherche de rixes. A cette population « marginale, vivant d’expédients et de tâches misérables, on peut mentionner la présence des carriers qui de père en fils, exploitèrent les carrières du Petit Montrouge et qui après l’épuisement de celles-ci, allèrent travailler dans celles du Grand Montrouge et de Malakoff. -
Documentation extraite du n° 29 de la SHA du 14ème-
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