Le site de Bon Secours est à vendre (17 octobre 2018)

L’association Notre-Dame de Bon Secours, la Fondation Saint-Joseph et le diocèse de Paris sont candidats pour racheter. La Ville de Paris s’intéresse à une partie du terrain. Mais les religieuses propriétaires demandent un prix élevé.

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Un terrain de 2,5 hectares, au sud du 14e. Ce terrain est à vendre. Un rêve de promoteur ! Mais cet espace n’est pas vierge. Il s’agit de celui de Notre-Dame de Bon Secours. On y trouve un pôle sanitaire et médico-social important, à gestion sans but lucratif : deux EHPAD (les maisons Sainte Monique et Saint Augustin), un foyer-logement (la résidence Notre-Dame de Bon Secours) un foyer d’accueil médicalisé (FAM) accueillant les personnes victimes d’un AVC (Sainte Geneviève), un accueil de jour pour personnes touchées par la maladie d’Alzheimer, une « plateforme de répit » pour les proches des malades d’Alzheimer, un Centre médico psycho pédagogique (CMPP) pour enfants, une crèche.

Un peu d’histoire. En 1868, l’abbé Pierre Carton (1813-1887) est curé de Saint Pierre de Montrouge. Il a des préoccupations sociales. Il crée « l’asile Notre-Dame de Bon Secours » pour l’accueil des vieillards et des orphelins. D’abord modeste, l’asile reçoit, dans une vieille maison passage Rimbaut, 15 femmes âgées. Puis, en 1876, l’abbé Carton achète un vaste terrain, rue des Plantes. On y construit un asile pour 120 vieillards, et une chapelle. Les soins sont confiés à la congrégation des Sœurs de Sainte-Marie, puis aux Augustines. Un couvent est bâti sur le site.

L’asile se transforme en hôpital puis d’autres bâtiments s’ajoutent au fil des années, une maternité, un centre de radiologie, une pharmacie, un laboratoire. Dès 1921, l’association Notre-Dame de Bon Secours (NDBS) gère l’ensemble. Elle existe toujours. Jusqu’à nos jours, le site ne cessera pas de se transformer, de se moderniser.

Avant de mourir en 1887, l’abbé Carton avait décidé de léguer terrain et bâtiments à l’Archevêché de Paris. Celui-ci crée alors une société immobilière, propriétaire du site. En 1972, l’Archevêché décide de se défaire d’une structure devenue très lourde. Il fait don de l’ensemble aux Sœurs Augustines, qui n’ont pas cessé de travailler dans les différents établissements de soins.

En 2006, grand chambardement. L’hôpital Saint-Joseph, tout proche, se modernise et s’agrandit. Les deux hôpitaux décident de fusionner leurs activités. La maternité NDBS rejoint aussi le nouveau pôle. C’est alors que se construisent, les années suivantes, les nouveaux établissements EHPAD Saint-Augustin et FAM Sainte-Geneviève. Aujourd’hui 400 résidents et 300 emplois y sont accueillis. L’ensemble immobilier du site atteint 32 000 m².

Mais aujourd’hui, les Sœurs Augustines, toujours propriétaires du terrain, veulent vendre. Elles étaient 150 religieuses dans les années fastes… 6 aujourd’hui. Leur congrégation vient de fusionner avec les Sœurs Assomptionnistes dont l’apostolat se donne pour objectifs l’enseignement et la formation chrétienne. Les religieuses se refusent à vendre le terrain à un promoteur privé pour construire des résidences de luxe. De plus, le plan local d’urbanisme (PLU) de la Ville de Paris prévoit d’ailleurs de conserver au terrain une vocation médico-sociale.

Qui achètera ? La Ville de Paris est intéressée par le terrain où s’élèvent le couvent et l’ancienne maternité. La municipalité pense y loger l’ensemble des services du Centre communal d’action sociale (CCAS) du 14e arrondissement. Elle pense à y implanter également un centre pour migrants. Elle se trouve en concurrence avec un autre candidat aidé par le Diocèse de Paris, Anuncio-APA, des associations de laïcs très dynamiques, qui organisent « des missions d'évangélisation pour rejoindre les personnes les plus éloignées de l'Église » et l’accueil de SDF. Elles s’intéressent aussi au bâtiment de la congrégation.

Pour le reste du terrain (les trois-quarts environ), un trio se porte candidat : l’association NDBS, avec la Fondation Saint-Joseph (qui gère l’hôpital) et le diocèse de Paris.

Une négociation a commencé en 2016. Elle est difficile. Le prix demandé par les religieuses est élevé. Trop élevé, estiment les candidats acquéreurs. Impossible de connaître les chiffres, mais on parle ici de dizaines de millions d’euros. « Le prix demandé exigerait de l’acheteur de créer sur le site de nouvelles activités, mais lucratives. Une solution contraire à la volonté et à l’esprit de l’abbé Carton » rappellent les négociateurs.

L’affaire est pour l’instant toujours en gestation, ce qui pénalise les futurs projets de l’association NDBS au service des Parisiens. Une affaire à suivre.

Gérard Desmedt

 

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