"Hors Normes" film de Olivier Nakache et Eric Toledano (30 novembre 2019)
"Hors normes" avec Vincent Cassel et, Reta Kateb
Le dernier film des réalisateurs Olivier Nakache et Eric Toledano est inspiré de faits réels et d’associations existantes.
« Les scènes du film ont toutes été vécues dans la réalité » et les réalisateurs ont fait jouer de vrais encadrants et de vrais autistes dans le film qui mêle réalité et fiction. Olivier Nakache explique que « C’était impensable qu’on ait des acteurs qui jouent des jeunes en situation d’autisme ».
Il évoque le monde mal connu des autistes avec les problèmes des familles et l’inquiétude de l’avenir de l’enfant quand ils ne seront plus là. Sont également abordés les difficultés des associations qui s’occupent de l’insertion de jeunes défavorisés et d’enfants et adolescents autistes sévères. Les différences de religion ne sont pas présentées comme un facteur de tension, les deux animateurs, l'un est juif et l’autre musulman, tous deux pratiquants , sont amis. Ce film nous entraîne dans leur quotidien humanitaire.
Comme dans leurs films précédents nous passons avec bonheur de l’émotion à l’humour.
Un très beau film sur le vivre ensemble.
Bernadette Bauer
photo : Benjamin Lesieur et Vincent Cassel
Voici des extraits d'interview expliquant la démarche des réalisateurs
L'histoire et les personnages de Bruno (Vincent Cassel) et de Malik (Reda Kateb) sont inspirés du travail de deux éducateurs s'occupant des personnes autistes ainsi que de leurs associations existantes : "Le Silence des justes", et "Le Relais Ile-de-France".
Pendant 2 ans, Eric Toledano et Olivier Nakache se sont immergés au sein de deux associations. Les scènes du film, y compris celle de la fugue de Valentin, ont toutes été vécues par les réalisateurs dans la réalité. "Dans Hors normes, chacun est représenté, les autistes, les parents, les référents mais aussi les médecins, les responsables de la santé, l’IGAS (l’Inspection Générale des Affaires Sociales). Nous ne pouvions nous permettre de prendre des distances avec la réalité ou de nous montrer maladroits avec trop d’approximations.
Cette période d’observation a été très instructive, le scénario s’est nourri au quotidien de ces expériences partagées, mais surtout au bout de 2 ans, notre motivation s’est décuplée. Si au départ, faire ce film découlait d’une forte envie, c’est devenu au fil du temps une nécessité", expliquent-ils
Travailler avec de vrais autistes
Eric Toledano et Olivier Nakache ont trouvé les autistes qui jouent dans Hors normes en « scannant » toutes les associations de Paris et de la région parisienne. Les cinéastes sont alors tombés sur Turbulences (compagnie artistique qui emploie des personnes présentant des troubles de la communication, autisme et troubles apparentés). Ils ont alors proposé un atelier de théâtre aux membres et dirigeants de cet ESAT (Etablissement de Service d’Aide par le Travail) logé dans un chapiteau à porte d’Asnières (17ème arrondissement). Ils se rappellent :
"C’est dans cet atelier que nous avons rencontré Benjamin Lesieur, qui incarne Joseph. Doté d’une personnalité très attachante, il ne parlait pas ou communiquait d’une façon peu linéaire en citant des noms de chanteurs français ou en posant la même question plusieurs fois de suite : « Ils ont dit quoi à la météo pour ce soir ? ». On s’est vite rendu compte qu’il prenait du plaisir à ces ateliers. À un moment, nous avons agi avec lui comme avec n’importe quel acteur : nous lui avons proposé le rôle. Ses parents nous ont prévenus que ce serait compliqué, qu’il ne portait jamais de cravate, de ceinture ou de chaussettes et qu’il ne supportait pas qu’on lui touche la peau et les cheveux, mais ils étaient partants. Pendant 25 jours de tournage, nous lui avons mis une cravate, une ceinture, des chaussettes, nous l’avons maquillé et coiffé !
Le film est tourné dans un rythme haletant qui rend compte de l'urgence des situations
Eric Toledano et Olivier Nakache ont tourné caméra à l’épaule pour faire en sorte que le spectateur puisse mieux entrer dans le film. Ils racontent : "Qu’il doit être confronté d’emblée à la violence puisqu’elle existe. Et les 2 personnages que nous décrivons s’incarnent, avant tout, par le fait qu’ils sont perpétuellement en mouvement, en action. Ces associations travaillent dans l’urgence, 24h/24. Cette urgence a donc du sens. Nous avions envie d’attraper le spectateur par le bras. D'ailleurs la musique qui scande cette scène d’ouverture rappelle le son d’un électrocardiogramme."
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