À quelques pas de là  (18 août 2021)

C’est une curieuse impression que d’être au mois d’août, à se promener en toute quiétude dans les rues de son quartier, celui de la place d’Alésia, et les autres : Plaisance, Didot, Montsouris, Denfert ou la Tombe-Issoire.

Oui, curieuse solitude des lieux : « Ô visages inanimés des immeubles, avez-vous donc encore une âme » ? C’est ainsi que le trottoir vous salue par un silence têtu, que les vitrines closes vous observent d’un œil froid, que les portes cochères se retiennent de sourire, que l’abribus se tient droit, immobile, et que la terrasse d’un café tremble d’impatience de voir le fantôme d’un amateur de bière, poser son séant sur une chaise orpheline…

Vous qui rêviez de parcourir tous les déserts du monde, vous avez l’impression d’avoir embarqué seul sur un radeau, pour un voyage au long cours, sans escale et sans fin.

Alors, vous redécouvrez avec plaisir les souvenirs épars de votre passé, enfouis par les ombres du temps évanoui.

Ici, des boutiques, des visages ont disparu. La terre a été retournée maintes fois, des bicoques aux toits de maisons villageoises ont été remplacées par des géants muets de dix étages.

D’un faubourg de Montrouge où les classes laborieuses ainsi que bourgeoises avaient posé leurs pas, il ne demeure que de fragiles témoins.

Ainsi, s’offre à votre regard : l’impasse du Rouet, la Villa Mallebay, la rue des Thermopyles, le chemin de la Tour de Vanves, la Villa Duthy, la Villa Deshayes, le jardin du Moulin de la Vierge et un certain Moulin Vert qui regarde la Villa d’Alésia. 

Oui, le mois d’août nous entrouvre, en silence, les portes vivantes de la mélancolie, celle que fait revivre un quartier, celui du Petit-Montrouge où les murs livrent leur mémoire encore vivante à celles et à ceux qui savent encore écouter avec patience, l’histoire et le silence de nos rues accueillantes et la poésie du passé.

R.R.

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