Villa Brune, notre « Closerie des Lilas », poème d'Eugénie Gall (21 juin 2023)
Villa Brune, notre « Closerie des Lilas ».
T’en souviens-tu,
Nous étions là, blottis au berceau des merveilles,
Heureux sans le savoir,
Nourris de tendresse au creux d’une corbeille
Senteurs de lilas, mimosas, acacias.
Les enfants aimaient la demeure
Tressant les feuilles de lierre,
Tout autour le bonheur habitait nos maisons,
Nous entendions souffler l’accordéon,
Sonner les heures,
Le petit train tournait parfois.
Des dizaines d’artistes habitaient la Villa
Portant sur l’épaule tableaux, cadres, cartons.
Leurs noms, leurs pas, leurs voix nous étaient connus.
La rue était une famille.
La fonderie rougeoyante de Valsuani au 1,
Le concierge du 3 et son clairon à la fenêtre,
Madame Zingg au premier, jouait du violoncelle,
Au 8, chez nous, c’était piano, guitare.
Au 13, niché dans la verdure, vivait encore « l’embaumeur »
Chaque jour nous amenait chanteur de rue,
Bateleur, rémouleur et le bon vieux facteur.
Et puis le soir, luisaient nos réverbères
« qu’on - est - venu - nous - usurper, quelle misère ! »
T’en souviens tu ?
Finis les papillons de nuit, les ombres familières.
Le béton a surgi
Survit encore l’acacia,
Quelques hirondelles et le trésor des souvenirs
Serrés à tire-d’ailes.
Mais, où donc es-tu, notre « Closerie des Lilas ? »
Eugénie GALL
8 Villa Brune
photo Jean-Pierre Coustillon
Eugénie Gall était l'épouse et le modèle de François Gall, artiste peintre. Ils habitaient avec leurs trois enfants le 14ème arrondissement. Les poèmes d'Eugénie ont accompané les peintures de son mari en divers ouvrages et catalogues.
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