Cinéma: le Diable s'habille en Prada (21 octobre 2006)
Experte dans l’art de distiller les pires horreurs sans jamais élever la voix, elle instaure un tel climat, que nul parmi les subordonnés qu’elle martyrise n’ose avoir l’idée qu’il serait peut-être plus heureux ailleurs. Mieux encore : tous sont persuadés de vivre dans cet enfer velouté les meilleurs moments de leur carrière professionnelle. C’est là tout l’art du diable, surtout vêtu de Prada, et arborant le physique angélique de Meryl Streep, actrice magique s’il en est.
Dans cet univers si admirablement calibré, surgit soudain une jeune apprentie journaliste au sourire innocent, qui porte des vêtements achetés en solde et n’a jamais ouvert Runway de sa vie. L’insolente brigue le poste d’assistante, et en est encore à croire que sa valeur personnelle va lui ouvrir des portes.
Or, le démon, qui dans son arrogance n’aime pas être défié, va s’employer à la dévorer toute crue, de son pull-over à son petit ami. Il n’y arrivera pas entièrement, car Miranda, qui l’incarne, se révèle malencontreusement humaine. Et c’est là d’ailleurs que le film achoppe. Dès lors que l’on quitte le registre fantasmatique, il cesse de séduire, et Miranda perd tout attrait, pour devenir une minable qui court après le pouvoir. Finalement, la satire égare beaucoup de sa virulence au fur et à mesure que s’écoule le récit. Quant à la description de l’univers de la mode, elle sent un peu trop la complaisance.
Reste la composition de Meryl Streep, à qui l’ingénue Anne Hathaway renvoie fort joliment la balle. Suave et glacée, discrètement corruptrice – surveillez ses expressions dans la scène de la voiture – la comédienne déroule dans ce rôle tous les fastes de son talent. Une mention aussi pour Emily Blunt, peste attachante et victime rageuse.
Un film de David Frankel, avec Meryl Streep, Anne Hathaway, Emily Blunt.
Josée Cathala
08:00 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinema, paris 14, meryl Streep, emily blunt, david frankel | Facebook | | Imprimer |
Commentaires
Je ne trouve pas que le film perde de son intérêt avec" l'humanisation "de la diablesse Miranda. Au contraire, de robot détraqué, le personnage acquiert une véritable dimension, celle de la femme malheureuse , au foyer régulièrement brisé, mais qui a fait son choix: celui de la réussite professionnelle.
Le milieu de la mode est parfaitement rendu, ses papes et papesses plus vrais que nature et , ma foi, je préférais Andréa en Prada qu'en pull acrylique et chaussures Bata. L e secret de la réussite du film tient aussi à son formidable "relooking extrême"par le doigt magique de la fée MODE. D'ailleurs , son petit ami semblait être de mon avis....
J'aimerais l'opinion des messieurs sur ce point!
Écrit par : Marie | 29 octobre 2006