Un jardin corridor (29 janvier 2008)

Rue de Coulmiers, le long de la « fosse » où s’ennuient et s’anémient rails et traverses du feu Chemin de fer de Ceinture, des ouvriers s’activent. Une mini pelle mécanique déblaie détritus, ronces et canettes de bière. On plante… deux rangées de grillages hauts de plus de deux mètres, séparés entre eux par un espace large lui-même de deux mètres environ.

Posté à l’une des extrémités du chantier, je constate que l’espace – conséquence sans doute directe d’un effet de perspective – se rétrécit en regardant vers l’horizon de l’avenue Jean Moulin. Soudain, apparaît l’image d’un no man’s land, d’une sorte de frontière virtuelle, certes fragile et symbolique, mais bien réelle, une sorte de corridor rappelant à s’y méprendre un chemin de ronde cher à nos fortifications d’antan !

Un jardin partagé 

Il paraît qu’il s’agit là des prémices de l’aménagement d’un jardin « partagé », un jardin où légumes  variés et fleurs épanouies se développeront dans l’harmonie et la sagesse. Poireaux, radis, cucurbitacées et autres  racines comestibles seront ainsi « encadrés » par de hautes grilles de couleur verte, couleur à la mode d’aujourd’hui, puisque notre avenir sera vert ou ne survivra pas à l’intolérance des autres couleurs !

Et après 

On attend la suite. Je crains que la nature, mise ainsi en « cage », ne s’éprenne d’un violent courant d’air de liberté qui vagabonderait par ci par là, et que bientôt la moisson tant espérée ne s’attife de liserons envahissants, d’orties piquantes et calamiteuses, de lierres coriaces et chenus, de pucerons malins, que tout ce petit monde fort bucolique ouvrirait la voie subrepticement à de turbulentes et maléfiques manifestations de plantes non désirables pour nos jardiniers du dimanche et autres amoureux d’une flore exempte de contamination O.G.M… Contamination qui nécessiterait immédiatement l’intervention musclée de commandos armés de faucilles virginales, salvatrices et incorruptibles !

On attend avec impatience l’inauguration de ce jardin « suspendu » qui ne manquera pas d’attirer l’attention des flâneurs dont l’âme sensible ne résisterait pas aux avances séductrices de la princesse Flore, accompagnée de son preux chevalier et confident : le Printemps, tout simplement !

R.Rillot

06:00 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jardins partagés, environnement |  Facebook | |  Imprimer |