"Whatever Works", de Woody Allen (14 juillet 2009)

19133665_w434_h_q80.jpgEncore une fois, le charme de la parfaite mécanique woodyallienne nous aura amenés en masse vers les salles obscures pour notre plus grand plaisir.
Avec « whatever Works »( tout pourvu que ça marche), monsieur Allen nous redistille avec notre consentement renouvelé sa formule du bonheur aujourd'hui: un concours de circonstances favorable à la rencontre des individus et au renouvellement de leur libido.

Les protagonistes des « aventures de la relation » qu'il nous présente ici sont aux prises déloyales avec un destin contraire: gloire frustrée pour Boris, un ex-futur prix Nobel de Physique (Larry David)en proie à l'angoisse de disparition et à l'irascibilité ; étouffement parental pour Mélodie( Evan Rachel Wood), charmante fugueuse de 19 ans débarquée de sa province et que Boris va héberger « pour une nuit ».

Le spectateur est le témoin directement pris à parti du savant misanthrope et misogyne et de ses élucubrations aigries et cyniques qu'il diffuse à tout propos .Elles ne sont bien sûr qu'un écran destiné à lui cacher l'inconsistance vertigineuse de sa propre vie qui peine à se soutenir de rituels superstitieux cocasses chez un scientifique athée( lavage des mains).

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L'irruption dans sa vie de la « demoiselle en détresse », puis de ses parents hauts en couleur occasionne de façon drolatique une redistribution des rôles à la manière saccadée d'un film burlesque des débuts du cinéma.

Avec cette dernière création, une des cibles de l'auteur- parmi tant d'autres- qui aura retenu notre attention, est d'évidence le « christianisme » du couple parental en proie à l'addiction religieuse, de dévotion pour la mère( « Jésus, Jésus ») et de culpabilité pour le père(« j'ai péché, j'ai péché »). Le comique résultant de la mise en scène des deux addicts est délectable et aucun sentiment chrétien sincère ne se sentira humilié ni concerné par la mise en boîte jubilatoire des excès du religieux.

Les préoccupations religieuses ( la culpabilité) et libidineuses (le refoulement) de l'auteur étant connues de tous, tant ses films humanistes y font référence, les catholiques et autres chrétiens s'amuseront de se voir assimilés à de grands refoulés porteurs à leur insu d'une libido luxuriante une fois libérés de leurs chaînes papistes ou biblistes. Les non-croyants pourront se sentir jaloux des avantages cachés d'une foi envahissante, à la condition expresse d'une sortie abrupte du religieux via la rencontre amoureuse. A voir ainsi se dénouer ces ridicules oies blanches ( mais douées pour la relation?) notre savant cynique et athée y retrouvera , en leur emboitant le pas, une nouvelle confiance en la vie , et une foi neuve en l'amour. Banco, Woody, et merci.

MJ Carita

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