D'un moulin à l'autre - Défense et illustration de nos anciens lieux-dits (09 août 2009)

Une promenade conduite par l'imaginaire nous fera découvrir un sujet demeuré populaire, celui des moulins qui longtemps ont été présents dans le 14ème

Il faut savoir que le nombre de ceux-ci, sur notre territoire, atteignit au cours des siècles, une bonne soixantaine. Une trentaine, plus ou moins exploités, subsistaient encore vers le premier tiers du 19ème siècle. Les minoteries, véritables usines à farine, les supplantèrent dans l'irrésistible mouvement de mécanisation qui caractérisa cette époque. Sur tant de moulins, seuls deux ou trois ne furent pas démolis : le moulin d'Amour (actuelle rue Ernest Cresson) qui devint un atelier de photographie (1) et le fameux moulin de la Charité, dit aussi "Moulin moliniste" (celui-ci très bien restauré il y a quelques années) dans le cimetière Montparnasse.

Nos voies, au hasard des décisions administratives, ont contribué à la préservation des appellations de plusieurs des lieux-dits correspondant à des moulins. Curieusement, une rue a disparu avec son moulin, celle dite du "Moulin de Beurre" ; tandis qu'une autre rue dite du "Moulin des Lapins" (2), était créée de toutes pièces dans l'aménagement de la ZAC Didot (1996), à hauteur du numéro 138 de la rue du Château.

Il est  regrettable que le beau nom de la rue du Moulin de Beurre, attestant de la qualité de la farine produite là jadis, n'ait pas été repris pour un ensemble immobilier nouveau du voisinage. A Plaisance, en revanche, la rue du Moulin de la Vierge, qui subsiste heureusement, a donné son nom (de même qu'une boulangerie) à un groupe de bâtiments modernes. La pérennité du lieu-dit semble ainsi être assurée.

Dans le quartier du Petit-Montrouge, la rue du Moulin-Vert pose problème. Cette voie de près de 700 mètres, qui relie très bizarrement l'avenue du Maine à la rue de Gergovie, mémorise certes un ancien moulin devenu une guinguette, mais il n'est pas démontré, à notre humble avis, que celui-ci se trouvait sur le généreux tracé que lui accorda Haussmann en 1863. En outre, elle est fréquemment confondue avec le célèbre cabaret des Romantiques de la Mère Saguet (qu'on peut vraisemblablement situer vers notre actuelle rue du Texel). Quoi qu'il en soit, des restaurateurs ont repris à diverses époques la dénomination du Moulin Vert sur leur enseigne, sous le patronage officiel de la rue par la Ville, et nul ne la  leur a contestée. Le Moulin de la Marjolaine - au joli nom - disparu de longue date, a néanmoins survécu jusqu'à nos jours dans l'enseigne d'une boulangerie, à la pointe constituée par la jonction des rues de la Tombe-Issoire et du Père Corentin.

Bien peu de passants se doutent que le passage de la Tour de Vanves, entre l'avenue du Maine et la rue Asseline, perpétue le souvenir du corps d'un moulin ayant depuis si longtemps perdu ses ailes, que son nom même était sorti de la mémoire collective : autre lieu-dit qui perdure comme un fantôme, grâce à la plaque bleue de l'une des plus modestes voies du 14ème (120 mètres de long, 3,80 mètres de large).

Il y a lieu de remarquer que l'industrie moderne, et notamment les minoteries mentionnées plus haut, bien que remontant à plus de 150 ans,  n'ont pas suscité l'apparition de noms de lieux-dits. C'est le cas, dans notre 14ème, des Grands Moulins de Montrouge, disparus dans l'entre-deux-guerres, dont la raison sociale, susmentionnée, ne permet qu'aux plus âgés de nos concitoyens, de se remémorer l'emplacement.

R.L.C.

 

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