L'Arbre et la forêt (08 mars 2010)

Un film d'Olivier Ducastel et de Jacques Martineau

Qu'est-ce qu'un secret ? Sinon la part obscure que chacun porte en soi et qui s'offre aux autres, dans un jeu de miroir. La vérité alors, n'affleure que sous certaines conditions quand la vie s'attache à nous ouvrir des portes, liées à l'émergence de circonstances particulières.

Ainsi, il en est de Frédérick, ici incarné par Guy Marchand, sorte de patriarche régnant sur son domaine : la forêt. Il a vécu toute sa vie sous l'emprise d'un poids étouffant, celui de la honte que lui renvoyaient les autres, ses proches, et en quelque sorte toute la société.

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Survient la mort de l'un de ses fils et là, la machine de la dissimulation, jusque là bien huilée, se détraque. Le couple - ici, Françoise Fabian joue le rôle magnifique de l'épouse- est fragilisé. La frustration, le mensonge amplifient le malaise. Guillaume, le second fils - joué par François Negret - fait exploser sa colère à l'égard de son père. Les derniers liens affectifs se déchirent avec une violence extrême. Delphine, la petite fille  - jouée par Sabrina Seyvecou - semble perdue en face de cette tempête que rien ne semble apaiser.

Devant la stupeur générale et l'incompréhension, la famille semble destinée au naufrage définitif. Frédérick alors, réalise la juste mesure du désastre. Anticipant sa future disparition et celle du domaine, il réunit sa femme, son dernier fils, sa petite fille, son futur gendre afin de clarifier un futur plus qu'incertain.  Il révèle son secret. Une forme de réconciliation, sinon de compréhension semble s'amorcer in fine. Mais ceci apparaît comme bien aléatoire.

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Le titre de ce film  porte au mystère. L'arbre cache-t-il la forêt de nos sentiments ? Nos secrets ne sont-ils pas la résultante que peut provoquer l'influence de la vie sur nos rapports avec les autres. Famille, amis, relations sont là pour intervenir dans la construction intime de notre être. Les tabous alors, les lois non écrites, les contraintes de l'éducation  finissent par nous dicter la profondeur de notre personnalité. Nos comportements affectifs en sont le résultat ultime. Jusqu'au tréfonds de l'âme, nos joies , nos douleurs, et nos secrets... sont à jamais enfouis. Leur révélation peut devenir une catharsis nécessaire, qui soudain nous libère. Après l'épreuve, une renaissance apparaît comme libératrice.

Ce film, fait de souffrance, de haine et d'amour à la fois, y participe de toute sa force, de toute son humanité : il intègre toute la faiblesse humaine pour mieux la révéler. La magnifique interprétation de G.Marchand y est pour quelque chose. Celle  de Françoise Fabian et des autres acteurs  confirme leur talent irréprochable. Les images de la forêt et la musique de Wagner accompagnent par leur présence sensible, la puissance souterraine de tous les secrets qui nous accompagnent.

R.R

10:53 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : olivier ducastel, jacques martineau, paris 14 |  Facebook | |  Imprimer |