La tête en friche (14 juin 2010)

Un film de Jean Becker

Une histoire simple et cependant originale, dominée par la tendresse que se porte deux êtres qui d'ordinaire n'auraient pas dû se rencontrer : Margueritte, amoureuse des mots et des livres et lui : Germain quasi analphabète,  « le cerveau en friche ».

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Ils se rencontrent dans un jardin public d'une petite ville de province. Elle lui fait découvrir le plaisir de raconter des histoires à travers les livres. L'imaginaire de Germain, soudain prend son envol. Ses copains de bistrot ne le reconnaissent plus. Peu à peu, lui le rustre, s'humanise. Il réfléchit, se pose des questions sur sa mère avec qui il a des rapports plus que tendus. Il pense à un père qu'il n'a jamais connu. Germain n'existait pas, il renaît. Des pans entiers de son enfance, éloignée de tout amour maternel, refont surface. Sa conscience redécouvre la lumière. Lui, qui ne connaissait que des petits boulots abrutissants et sans intérêt, prend goût à la liberté. De nouveaux horizons dans les relations avec les autres, se font jour. Son âme voit l'heure de sa délivrance. Il découvre sa compagne sous un autre jour, et même il deviendra père...

Quant à Margueritte, en offrant un « petit Robert » à Germain, elle lui ouvre les fenêtres de la connaissance, de la culture. Elle lui fait toucher la beauté d'un texte, d'un poème, la musique des mots, l'émotion contenue dans une histoire. Mais aussi, devant l'échéance incontournable de la mort, elle donne à Germain l'héritage de sa propre image, faite de profondeur, du sentiment d'une amitié tendre que recouvre insensiblement celui d'un amour partagé. Il s'agit là d'un testament de la parole et du regard qu'une grand-mère « maternelle » offre à Germain  dans une communion quasi amoureuse.

Ici, la simplicité, la gentillesse, la bonté, le naturel l'emportent . Tout le film est irrigué par une sensibilité vraie, sans apprêt, où l'humanité des personnages dépose sur nos yeux et nos oreilles la vraie musique du cœur. Gérard Depardieu et Gisèle Casadessus sont tous deux merveilleux de vérité. Il n'y a rien à retirer. Tout est à prendre. Nous sommes émus.  Un film qui réhabilite le bonheur.

R.R

10:42 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean becker, tête en friche, film, gererd depardieu |  Facebook | |  Imprimer |