Des planches à l'autel : P. Luc Reydel (10 octobre 2010)
Il a rejoint, depuis la rentrée, la paroisse de Saint Pierre de Montrouge. Le P. Luc Reydel, 44 ans, est un jeune prêtre ! Il a été ordonné le 26 juin dernier, à Notre-Dame de Paris. Son parcours est représentatif de beaucoup de nouveaux prêtres, qui ont décidé sur le tard, après une vie professionnelle, de se mettre au service de l'Eglise.
Luc Reydel est le nouveau vicaire de Saint-Pierre de Montrouge.
Luc Reydel a grandi près du Havre, dans une famille croyante et pratiquante. Père libraire, mère au foyer, ses parents sont très impliqués dans leur paroisse. Le jeune Luc est scout de France. L'été, toute la famille (trois garçons) part camper à Paray-le-Monial. Tandis que les parents participent à des sessions de prière, Luc participe aux activités pour les jeunes et retrouve les copains ! Les études ? Bac, Fac AES, Deug. A dire vrai, sans but précis. Car le jeune homme a découvert une passion : le théâtre, dans une troupe amateur. Il participe au montage de L'annonce faite à Marie, de Claudel, puis du Mystère de Pierre, une pièce dans le style des mystères joués au Moyen Age. Il veut vivre du théâtre. Ses parents ne sont pas contre... mais ils lui demandent de posséder un vrai diplôme ! Ce sera celui de l'Institut des transports internationaux et des Ports, du CNAM... suivi d'une pause à l'Ecole Jeunesse-Lumière de Daniel Ange, dans le Tarn. Une année de formation, de prière, de service et de mission auprès des jeunes.
Puis c'est la montée à Paris en 1992, et le théâtre, enfin. Cinq ans de planches, pendant lesquelles Luc rencontre le comédien Michaël Lonsdale. Il est assistant metteur en scène pour Récit d'un pèlerin russe puis joue dans les Fioretti de Saint François d'Assise. Vient ensuite la vie difficile des intermittents du spectacle : il est acteur, éclairagiste, assistant, régisseur... En 1997 survient un événement douloureux, le décès de son père, malade depuis longtemps d'une sclérose en plaques. « Une épreuve, un deuil, qui lui fait dire : Je ne me voyais plus monter sur scène. J'ai choisi de changer d'orientation. »
Il trouve du travail au service client de SFR, puis dans une petite société spécialisée dans les télécommunications. Ces emplois lui laissent plus de temps pour s'investir dans sa paroisse, Notre-Dame des Victoires. Il accompagne des catéchumènes, s'occupe de l'accueil. Jusqu'à un jour de juillet 2003. « J'avais trouvé un petit livret rédigé par le cardinal Martini, intitulé « La onzième heure, ou comment se décider pour le Christ ». Je l'ai lu d'une traite. J'avais l'impression qu'il avait été rédigé pour moi. J'ai entendu un appel personnel du Christ. Je suis allé voir mon curé et je lui ai dit : je veux rentrer au séminaire. »
En septembre 2003, il rejoint la maison Saint Augustin, pour « l'année de fondation spirituelle » des séminaristes parisiens. Après six années de formation, de philosophie et de théologie, il est ordonné, envoyé à Saint Pierre de Montrouge. Il avait demandé une vie communautaire, et si possible un service auprès des jeunes. « Ici, je suis comblé, dit le nouveau vicaire. Je suis aumônier des scouts et de l'Escale, le lieu de créations artistiques d'Alesia Jeunes, le Centre de la paroisse qui accueille 500 enfants et adolescents. J'ai aussi la chance de vivre dans une paroisse qui compte six prêtres.» (photo Guilhem Dargnies)
Les polémiques sur les nouveaux prêtres qui préféreraient la prière et le spirituel à l'action de terrain le laissent froid. « Ce qui est important, c'est le service de l'homme, de tout l'homme, explique-t-il, dans sa dimension humaine, spirituelle et sociale, au sein de sa famille, de son quartier. Ce débat n'a donc pas lieu d'être ». Il accepte le célibat « Le temps du séminaire permet de discerner si on est appelé au célibat. Et l'appel de Dieu nous donne les moyens de le vivre. Il permet un don total au service de tous les hommes. Il n'est pas plus difficile que la fidélité dans les couples »
Et s'il porte le col romain, c'est parce que « je ne me cache pas d'être prêtre. On est prêtre partout, toute sa vie et pour tous. Dans la rue, dans la queue d'un supermarché, les gens me reconnaissent, s'ouvrent à moi. Il y a aussi une dimension missionnaire. »
Gérard Desmedt
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