Qui a envie d'être aimé ? Film d’Anne Giafferi, tout à la fois profond et léger. (12 mai 2011)
La Voix a beaucoup trop tardé à vous parler de ce très beau film sorti en février. On ne peut plus le voir que dans le cinéma Chaplin (ex Saint Lambert ) 6 rue Péclet 75015 jeudi 12 mai et lundi 16 mai à 14h30.
Ce film est d'abord très original par son sujet : la redécouverte de la foi chrétienne par un homme dont la vie semble comblée. La réalisatrice, Anne Giafferi, choisit d'aborder ce sujet sérieux et profond sur un ton léger, une comédie et c'est la conjonction des deux qui en fait une oeuvre rare dans un style moderne et pudique.
En fait, Anne Giafferi raconte l'itinéraire spirituel de son mari, Thierry Bizot, auteur de « Catholique anonyme » . Elle se place en observatrice et choisit d'évoquer l’évolution de cet homme qui ouvre son regard sur la foi, son rapport à Dieu au travers de sa vie familiale.
Cette aventure commence avec le fils, adolescent tourmenté et secret auquel Antoine n'ose pas parler ni exprimer son affection. Le professeur principal a convoqué les parents et, pour une fois, c'est Antoine qui va se rendre au rendez-vous. Cette rencontre s'est très bien passée mais, peu après, une invitation à une réunion de catéchèse est envoyée. Antoine n'ose pas esquiver : il s'y rend et il tombe sur une assemblée qui lui semble étrange, « ringarde » dans une arrière-salle miteuse où on pose une question impudique et déplacée « Qui a envie d'être aimé? » Et pourtant, Antoine, qui est avocat, a une épouse médecin, et évolue dans un milieu socio-culturel brillant va rester et retouner régulièrement à ces réunions.
Mais il n'ose l'avouer à son entourage sauf à sa soeur, excentrique et déprimée par ses aventures sentimentales ratées ( excellente Valérie Bonneton). C'est en secret qu'il se met à lire la Bible qu'il cache sous les dossiers de ses clients dans son bureau. Les fêlures d' Antoine sont évoquées aussi au travers ses rapports tendus avec son père ( Jean - Luc Bideau) dur et exigeant et l'hostilité méprisante du frère immature et violent (Benjamin Biolay). Mais c'est surtout à sa femme Claire ( la très belle Arly Jover) qu'il n'ose pas se confier car il craint son incompréhension.
La quête de sens et la redécouverte de la foi d' Antoine est pleine de timidité, de crainte. Il a presque honte de cette démarche vers ce Dieu auquel il se trouve confronté brutalement grâce à une magnifique statue de « Christ aux liens » dont le visage semble interrogateur. La confrontation avec les chrétiens le rebute : par exemple, à la messe, le baiser de paix qui lui est donné par une voisine le révulse au premier abord.
Le ton est léger c'est une comédie qui n'hésite pas à évoquer avec beaucoup d'humour les apparences qui prêtent à sourire et la crainte des railleries d'un monde « branché » qui a beaucoup plus de mal à accepter la foi catholique que des croyances plus ésotoriques ou exotiques...
Antoine (incarné avec beaucoup de finesse par Eric Caravaca) nous est très proche avec sa foi fragile, inquiète, et ses incertitudes. Le fils et la femme d' Antoine nous émeuvent par leur angoisse de ne plus être aimés.
Bref un très beau témoignage «en mode mineur» tout à la fois profond et léger. Film à voir absolument en salle ou en ... DVD (dès sa sortie)
Monique Garrigue-Viney
09:41 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : foi, anne giafferi, foi chrétienne, lavoixdu14e.info, eric caravaca, arly jover, bible | Facebook | | Imprimer |