L'Echange des princesses (20 janvier 2018)

Un film de Marc Dugain, avec Lambert Wilson, Igor Van Dessel, Anamaria Vartolomei, Juliane Lepoureau et Catherine Mouchet, images de Gilles Porte.

Plongée dans le passé : nous sommes en 1721 et Louis XV a 11 ans. C’est donc encore la Régence de Philippe d’Orléans. Celui-ci, obsédé par les alliances, à l’idée d’un double mariage qui permettrait, selon lui, d’assurer une paix durable entre la France et l’Espagne, épuisées par des années de guerre, responsables de centaines de milliers de morts.

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Mais ces projets d’alliances concernent des enfants : le jeune Louis XV et l’infante d’Espagne, Ana Maria Victoria, âgée de 4 ans, et, la fille du Régent adolescente, Louise Élisabeth avec le prince héritier de la couronne d’Espagne, Don Luis à peine plus âgé.

Le film, tiré d’un roman de Chantal Thomas, analyse l’état d’esprit, les sentiments de ces quatre êtres, brutalement tirés de l’insouciance de l’enfance, ou des tourments et des révoltes de l’adolescence pour se conformer à la raison d’état. Cette analyse psychologique subtile fait à mon avis l’intérêt du film certes historique mais à portée intemporelle.

Chacun réagit avec sa personnalité, laissant transparaître chez la petite infante une dignité innée en même temps qu’un irrésistible besoin d’aimer et d’être aimée qui se heurte à la sécheresse du jeune Louis XV, encore très marqué par les deuils successifs qui ont entouré son accession au trône. Il y a dans cette petite fille qui charme tout son entourage le désir de se conformer à la volonté de ses parents comme souvent les enfants de cet âge, en même temps qu’une belle confiance en la vie que le dénouement brutal ne va sans doute pas détruire.

En contrepartie, Louis XV devenu roi à 13 ans, hésite à trouver sa voie, sans toutefois se laisser dominer par les influences souvent néfastes de la cour, cherchant un mentor qui puisse l’aider à exercer son métier de souverain. Dans ces circonstances difficiles, il n’y a, semble-t-il, pas de place pour une affection désintéressée envers une enfant.

Quant à Louise Elisabeth, la fille du régent, en pleine révolte contre la contrainte de ce mariage imposé, elle la manifeste vigoureusement à son malheureux époux amoureux, qu’elle repousse avec férocité et se montre ravie de scandaliser ses parents : le très austère et très fou Philippe V et son épouse.

Lorsqu’enfin intervient, grâce à la première rébellion de Don Luis contre les dictats de son père, un rapprochement entre ces deux êtres, laissant présager une union plus heureuse, c’est le destin qui intervient, avec toute sa dureté en ces temps de maladie sans remèdes.

Au-delà de la magnificence des images évoquant les fastes d’une époque disparue, on risque d’être accablé par cette ambiance funèbre de solitude et de convention. Cependant l’étiquette qui les enserre, ne réussit pas à étouffer la vitalité et la vérité des personnages de ce beau film.

Isabelle Constans

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