A Saint Pierre de Montrouge le P. Bruno Laurent va partir (27 mars 2018)

père bruno laurentIl est vicaire à Saint Pierre de Montrouge depuis presque neuf ans. Le P. Bruno Laurent est très actif sur cette paroisse - et il est très apprécié. Il partira cet été. L’occasion pour La Voix de faire avec lui le point sur ses longues années de pastorale. (cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Vous allez quitter Saint Pierre de Montrouge. Pourquoi ? Où partirez-vous ?

J’atteins 75 ans, l’âge de la retraite pour les prêtres… Mais je veux continuer à être utile. Je souhaite maintenant me mettre à disposition d’un diocèse de banlieue, où nombres de paroisses manquent de prêtres. J’ai contacté l’évêque de Créteil, Mgr Santier. Il a accepté tout de suite de m’accueillir ! Mais je ne sais pas encore dans quelle paroisse.

Quelles sont vos responsabilités sur la paroisse et le quartier ? Je sais qu’elles sont nombreuses !

Je suis depuis neuf ans aumônier de l’hôpital Notre Dame de Bon Secours qui est maintenant un site médico-social. Lorsque cet hôpital a rejoint Saint Joseph, j’ai accompagné pendant deux ans l’équipe de la maternité. J’ai aussi formé l’équipe de la fondation Sainte Marie, qui a accueilli les services de soins de suite opératoire de Notre Dame de Bon Secours. C’est un centre reconnu de réadaptation et de rééducation avec balnéothérapie et qui dispose d’un service de soins gériatriques. Le site de Notre Dame de Bon Secours dont je suis l’aumônier dispose de plus de 400 lits dont un foyer d’accueil médicalisé qui reçoit des malades cérébraux-lésés de moins de 60 ans, une Résidence pour personnes âgées et deux EHPAD, Sainte Monique et Saint Augustin, ce dernier spécialement dédié aux personnes althzeimer.

Et vos activités sur Saint Pierre ?

J’ai la responsabilité des différentes associations caritatives. J’ai établi le « Comité caritatif paroissial », qui rassemble le Secours catholique, le CCFD, les conférences Saint Vincent de Paul, l’aide aux migrants etc.

Nous avons récemment investi sur l’aide aux migrants, notamment en lien avec le centre La Rochefoucauld, qui reçoit 75 migrants, sous la responsabilité de l’association Aurore. Des étudiants de Sciences-Po leur donnent des cours de français. Des cours sont dispensés aussi au centre paroissial, par des bénévoles – dont beaucoup de paroissiens – sous la responsabilité du Secours catholique. Nous accompagnons des sorties, le dimanche.

Depuis un an, des paroissiens de Saint Pierre, avec six autres paroisses du 14e, catholiques et protestantes, s’engagent à payer ponctuellement ou par prélèvement sur un, deux ou trois ans, de quoi régler le loyer d’un appartement accueillant pour trois ans une famille de migrants, appartement géré par l’association Solidarité Nouvelles pour le Logement (SNL) et qui assure le suivi social.

Dès votre arrivée, vous souhaitiez accompagner les couples…

J’accompagne l’équipe de préparation au mariage (CPM) du doyenné, qui organise une dizaine de sessions par an, pour environ 70 couples. D’autres couples préparent sur l’année un ou deux couples de futurs mariés. Je les accompagne pour approfondir avec eux ce qu’est le mariage chrétien et comment préparer au mieux les jeunes couples.

Chaque année, avec un couple animateur, nous organisons, en octobre, un rassemblement de tous les mariés de l’année précédente afin de leur présenter, avec une équipe dite ‘jeunes couples’ la possibilité de continuer leur réflexion et leur dialogue sur toute question de la vie conjugale.

Personnellement, j'accompagne aussi des personnes divorcées, individuellement ou en groupe, parfois des personnes divorcées remariées, notamment celles qui désirent prier à l’occasion de leur nouvelle union civile.

Vous dirigez aussi des formations théologiques

J’aide diverses formations comme l’École de la Foi, la Formation continue de la Foi, La Porte de la Foi. J'accompagne les formateurs. Ces formations rassemblent plusieurs dizaines de personnes.

Les équipes ‘Porte de la foi’, du nom donné par le diocèse aux groupes qui avaient choisi de se réunir l’année de la foi, se servent de supports qui leur permettent de se rencontrer sans animateur enseignant : ils ont ainsi travaillé les Actes de apôtres, l’Évangile de Saint Marc, la lettre aux Galates de Saint Paul. Certains partagent sur l’évangile du dimanche suivant.

En presque neuf ans, avez-vous vu évoluer l’Église, la pratique, le recours aux sacrements ?

A Paris, la pratique dominicale ne baisse plus, je crois. A Saint Pierre, en moyenne, 1900 personnes participent à la messe chaque dimanche. En revanche, nous constatons une baisse du nombre des baptêmes et des enfants catéchisés. C’est vrai également pour les obsèques religieuses.

Mais je constate que les jeunes qui pratiquent deviennent souvent de vrais acteurs de la vie paroissiale. Notre conseil pastoral a la chance de comprendre des jeunes couples. Les jeunes que je rencontre me disent leur attachement au pape François, parce qu’il rappelle l’Evangile, et qu’il le vit. Notre pape met l’accent sur une pastorale proche des gens : « on doit partir de ce que sont les personnes », rappelle-t-il. Il met l’accent sur la miséricorde. Ce respect, ce non-jugement, cette disponibilité accueillante fleure bon l’Évangile.

Certains catholiques reçoivent mal ce message. « Ce langage est dangereux, affirment-ils. Les gens peuvent donc faire n’importe quoi, ils seront pardonnés ! » On aurait pu tenir ce raisonnement au père de l’enfant prodigue… Dieu fait le pari de la miséricorde, donc de la vulnérabilité.

On parle souvent de réflexe identitaire dans l’Église. Qu’en pensez-vous ?

Oui, ce réflexe existe, et il n’est pas propre à l’Église catholique. On le constate chez les juifs, les musulmans, dans les régions, en Europe. Ce repli s’explique par une peur d’une mondialisation qui ne fasse pas droit au respect des personnes.

On ne va cependant quand même pas reprocher à l’Église son universalisme ! Contre la tentation de Babel, nous présentons l’Église de la Pentecôte. L’Église, c’est l’unité dans la diversité. Mais non l’uniformité. Il s’agit de vivre cette tension. Le pluralisme n’est pas le relativisme.

Propos recueillis par Gérard Desmedt

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