Rencontre avec le père Clochard Bossuet (27 mars 2006)
Le père Clochard Bossuet est arrivé depuis quelques mois dans notre quartier, comme vicaire à la Paroisse Saint Dominique. Il a été nommé pour un an.
Il se décrit comme « une vocation tardive ». En effet, il a été ordonné prêtre en 1992 à l’âge de quarante quatre ans. Il a débuté comme vicaire à la Paroisse Saint Christophe de Javel à Paris, où il avait la charge de l’aumônerie des jeunes.
Il a ensuite demandé à être affecté au Ministère Hospitalier pour deux raisons. La première est qu’il le considère comme un des piliers de la mission de l’Eglise dans le monde d'aujourd'hui. Pour expliquer la seconde, il évoque son enfance. Son père l’emmenait au pèlerinage national des malades à Lourdes, chaque été. Il a donc eu un contact spontané et fréquent avec les malades dès sa jeunesse. Il a commencé par un stage d’un an à l’hôpital de la Pitié Salpétrière, puis il a été nommé à l’hôpital Necker, pendant sept ans, auprès des enfants malades. Il y rencontrait les parents autant que les patients, quels que soient leurs croyances religieuses, leurs pratiques… L’hôpital est effectivement le seul environnement, mis à part l’armée, où l’Eglise est présente sur le lieu de travail. À l'hôpital, tout le monde y a accès, d’où l’importance de l’image renvoyée par l’Eglise et du regard porté sur sa présence.
D’autre part, travailler en milieu hospitalier implique d’accepter de faire face à l’évènement majeur qu’est la mort en accompagnant ceux qui y sont confrontés. C’est un des rôles du prêtre. Il a cependant délibérément choisi d’œuvrer pour que l’image traditionnelle de l’aumônier change, en restant présent et visible dans les couloirs de Necker, disponible à tout moment, mais pas uniquement pour les derniers sacrements.
Après sept années, il a estimé qu’il était temps de « passer la main » et il a souhaité « renouer » avec la vie paroissiale. Il est parti un an en Italie, dans une église de montagne, où il a été frappé par le dépaysement, tant par le contact avec une population rurale que par la nécessaire adaptation à un contexte culturel particulier, où la pratique religieuse et le fait de se rendre à la messe relèvent encore de coutumes, très ancrées dans les mentalités.
A son retour en France, il a été nommé à la paroisse Saint Dominique. Il y trouve ce qui représente pour lui un des ciments de l’Eglise d’aujourd’hui : des jeunes ménages très actifs qui proposent, organisent, animent et sollicitent; Cette énergie est une source de motivation et de stimulation pour l’équipe de prêtres dont il fait partie.
Il ne connaît pas encore sa prochaine étape, mais il sait déjà qu’il aimerait rester un peu plus longtemps chez nous pour profiter du quartier. Dans sa jeunesse, il se représentait le 14ème comme un lieu de passage. Aujourd’hui il le perçoit comme un lieu où il fait bon vivre.
Anne-Céline Ribadeau Dumas
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