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Obsession du souvenir, heureux ou malheureux, comment l'imaginaire peut-il nous faire revivre dans le réel, aujourd'hui, une passion écoulée, alors que le temps estompe les traces du passé, lamine tout, le malheur comme les joies les plus intenses ?

Léocadia est une réflexion sur le temps qui passe. A travers la substitution d'un personnage par un autre qui a pris la ressemblance , la même attitude, Jean Anouilh démonte le mécanisme du double rencontré par hasard. Par un effet de miroir, il nous fait pénétrer dans les arcanes masqués de l'être humain. Là se projettent nos fantasmes, nos désillusions, nos illusions, nos frustrations, nos désirs sublimés  à travers un idéal irréaliste et contraire au réel.

Amanda n'est pas et ne sera jamais Léocadia. Cependant, elle va se transformer, afin d'endosser l'âme et jusqu'aux apparences du corps physique de cette dernière, pour sauver le prince, l'amener à prendre peu à peu conscience de la nouvelle réalité, la nouvelle vie dont il est, par amour pour une ombre disparue, totalement étranger.

La pièce, dans un décor sobre qui rappelle l'époque 1930 par de multiples détails, n'a pas pris une ride. La lucidité, l'ironie, l'humour léger, ainsi que la qualité du texte confèrent au spectacle un rang d'excellence que les interprètes principaux : Geneviève Casile, Davy Sardou et Noémie Elbaz - projettent au plus haut niveau d'interprétation. N'oublions pas les rôles secondaires, tenus par Pierre Dumas et Jean-François Guilliet. Ceux-là sont merveilleux de candeur et doués d'un naturel malicieux et bon enfant.

Le spectateur sera heureux de redécouvrir un auteur qui a toujours eu une réputation grinçante, mais notre bonheur est complet lorsqu'il s'accompagne du sourire, celui de la complicité partagée.  Allez-y !

R.R

Théâtre 14 : 20 avenue Marc Sangnier - 75 014 - Réservations : 01 45 45 49 77 - jusqu'au 30 octobre 2010.