Le cinéma "le Mistral", ou les avatars d'un lieu (26 octobre 2008)
Le 70 de l’avenue du général Leclerc, où se situe le cinéma « le Mistral » est un lieu paradoxal. En effet, ici même, en 1840, existait une chapelle construite par l’abbé Châtel, qui fonda une église dissidente, intitulée : Eglise Catholique française, créée en 1832, 59 rue du Faubourg Saint Martin.
Pour comprendre la naissance de cette église, il faut se placer à l’époque romantique où souffle un vent de liberté apporté par les Trois Glorieuses. Ainsi, un courant libéral et gallican s’opposait à la toute puissance de Rome. L’influence de Lamennais et de Lacordaire entrent dans cette prise de conscience, en voulant apporter des réformes inspirées par les écrits fondateurs du christianisme.
Passons sur les déviances et la modernisation amorcée du culte catholique que voulait établir l’abbé Châtel (1795-1857). Une réaction de l’église officielle intervient : la chapelle du Faubourg Saint Martin est fermée en 1842. Il en est de même de la chapelle du 70 avenue d’Orléans, fermée et vendue par décision de justice à un charron puis à un marchand de grains. En 1869, le propriétaire est un grainetier et à la fin du siècle, la même activité y est encore signalée.
C’est au début du 20ème siècle que le bâtiment fait place à un théâtre… En 1902, une transformation totale des lieux s’ouvre sur une salle de 450 places. Le directeur, Paul Didier, avait débuté dans l’emploi de second comique, en province, et avait été engagé aux Folies Dramatiques, puis aux Variétés. Il joue ainsi, dans les « Cloches de Corneville ». Ayant épousé l’actrice Jane May, il est successivement pensionnaire du Gymnase, du Vaudeville et du Palais Royal. Paul Didier et sa femme ont, durant quelques années, dirigé de nombreuses tournées en province avant de se consacrer au Théâtre de Montrouge qui prend le nom de « Fantaisies de Montrouge ». Delphine, la fille du couple sera souvent la vedette de ce même théâtre.
Pour l’exemple, citons le nom de diverses pièces jouées durant la saison 1902 : Tailleur pour dames de Feydeau, un Caprice de Musset, le Chapeau de paille d’Italie de Labiche. En 1903 : Madame Sans-Gêne de Sardou, Monsieur Alphonse de Dumas, Tricoche et Cacolet de Meilhac et Halévy, la petite Fadette de Sand, les Enfants d’Edouard de Delavigne , etc…etc… Paradoxalement, les auteurs de l’époque ne sont guère mis à l’honneur : Jules Renard, Porto-Riche, Henri Becque. Le répertoire semble un peu poussif quant aux choix retenu des pièces. Un certain essoufflement apparaît, et en mai 1905, Jane May se retirera progressivement, se consacrant uniquement au professorat à partir de 1910.
Une nouvelle direction prendra le relais à partir de 1906. Des perspectives s’ouvrent à d’autres directeurs, à d’autres gens de théâtre… ( à suivre - lire la suite).
N.D.L.R Documentation extraite du N° 45 de la S.H.A du 14°
R.Rillot -
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