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06 novembre 2008

Le cinéma "le Mistral", ou les avatars d'un lieu (II)

Nous avons, dans un précédent article (voir l'article), assisté à la naissance d’un théâtre de quartier : « le Théâtre de Montrouge ». Nous reprenons notre récit lorsque la direction de Paul Didier, marque un ralentissement certain de ses activités.

En mai 1905, un nouveau directeur entre en scène : Henri Beinex. Un grand changement dans la programmation apparaît alors. D’un théâtre de quartier, Beinex veut en faire un théâtre moderne et même d’avant-garde. La transformation est immédiate. Un public élégant fréquente la nouvelle salle. Une certaine Clotilde Marigaux, dite Christiane Mendeleys (1873-1957) fait les belles heures de la scène. Elle a fait la connaissance de wague_georges.jpgGeorges Wague et devient son épouse et sa collaboratrice. Elle a déjà pratiqué son art aux « Veillées artistiques de Plaisance » chez le père Brocatin, brocanteur –artiste de l’avenue du Maine…

Christiane Mendeleys est, dit la presse spécialisée : « Un bouton de rose enveloppé dans un lambeau d’azur céleste » ! (sic). Les spectacles présentés se terminent toujours par une pantomime : « L’amour s’envole », joué par cette même Christiane Mendeleys qui reçoit alors un franc succès.

Beinex prend le risque d’accueillir une pièce d’un écrivain anarchisant, Georges Darien, connu surtout par ses œuvres de romancier : « Bas les cœurs » « Biribi », « Le voleur » (cette dernière œuvre fut adapté par Louis Malle en 1967).

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Le 6 mars 1907 a lieu la première de « La toilette » de Darien, en collaboration avec l’acteur Mévisto. Arrêtons-nous un instant sur ce « Mévisto ». Il était un acteur-type du Théâtre Libre d’Antoine,  surnommé « l’assassin », car il interprétait fréquemment des rôles de mauvais garçons. Il assura un temps, avec Beinex, la direction artistique du théâtre, mais les innovations de Beinex ne sont pas suivies par le public qui boude les spectacles. Aussi, les recettes diminuent-elles et le théâtre est mis en liquidation par jugement le 10 juin 1907.

Nous verrons dans un prochain chapitre la transformation du théâtre de Montrouge en un cinéma et ceci pour la période allant de 1911 à 1922. ( à suivre)

R.R. Documentation extraite du n°45 de la Revue d’Histoire du 14ème ardt.

26 octobre 2008

Le cinéma "le Mistral", ou les avatars d'un lieu

Le 70 de l’avenue du général Leclerc, où se situe le cinéma « le Mistral » est un lieu paradoxal. En effet, ici même, en 1840, existait une chapelle construite par l’abbé Châtel, qui fonda une église dissidente, intitulée : Eglise Catholique française, créée en 1832, 59 rue du Faubourg Saint Martin.

Pour comprendre la naissance de cette église, il faut se placer à l’époque romantique où souffle un vent de liberté apporté par les Trois Glorieuses. Ainsi, un courant libéral et gallican s’opposait à la toute puissance de Rome. L’influence de Lamennais et de Lacordaire entrent dans cette prise de conscience, en voulant apporter des réformes inspirées par les écrits fondateurs du christianisme.

Passons sur les déviances et la modernisation amorcée du culte catholique que voulait établir l’abbé Châtel (1795-1857). Une réaction de l’église officielle intervient : la chapelle du Faubourg Saint Martin est fermée en 1842. Il en est de même de la chapelle du 70 avenue d’Orléans, fermée et vendue par décision de justice à un charron puis à un marchand de grains. En 1869, le propriétaire est un grainetier et à la fin du siècle, la même activité y est encore signalée.

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C’est au début du 20ème siècle que le bâtiment fait place à un théâtre… En 1902, une transformation totale des lieux s’ouvre sur une salle de  450 places. Le directeur, Paul Didier, avait débuté dans l’emploi de second comique, en province, et avait été engagé aux Folies  Dramatiques, puis aux Variétés. Il joue ainsi,  dans les « Cloches de Corneville ». Ayant épousé l’actrice Jane May, il est successivement pensionnaire du Gymnase, du Vaudeville et du Palais Royal. Paul  Didier et sa femme ont, durant quelques années, dirigé de nombreuses tournées en province avant de se consacrer  au Théâtre de Montrouge qui prend le nom de « Fantaisies de Montrouge ».  Delphine, la fille du couple sera souvent la vedette de ce même théâtre.

Pour l’exemple, citons le nom de diverses pièces jouées durant la saison 1902 : Tailleur pour dames de Feydeau, un Caprice de Musset, le Chapeau de paille d’Italie de Labiche. En 1903 : Madame Sans-Gêne de Sardou, Monsieur Alphonse de Dumas, Tricoche et Cacolet de Meilhac et Halévy, la petite Fadette de Sand, les Enfants d’Edouard de Delavigne , etc…etc… Paradoxalement, les auteurs de l’époque ne sont guère mis à l’honneur : Jules Renard, Porto-Riche, Henri Becque. Le répertoire semble un peu poussif quant aux choix retenu des pièces. Un certain essoufflement apparaît, et en mai 1905, Jane May se retirera progressivement, se consacrant uniquement au professorat à partir de 1910.

Une nouvelle direction prendra le relais à partir de 1906. Des perspectives  s’ouvrent à d’autres directeurs, à d’autres gens de théâtre… ( à suivre - lire la suite).

N.D.L.R  Documentation extraite du N° 45 de la S.H.A du 14°

R.Rillot -