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29 mars 2009

A propos des déclarations dans l’Eglise ces derniers jours

1. Tout d’abord, nous, chrétiens, devons aller à la source des paroles du Pape.

Un catholique ne peut pas se contenter des approximations / déformations de la presse. Notamment en ce qui concerne la déclaration sur le préservatif, lors de son voyage en Afrique. Couper une phrase est un acte de mauvaise foi et une trahison.

2. Ne confondons pas les niveaux des trois dernières prises de parole de l’Eglise :

Par rapport à la levée de l’excommunication, il s’agit d’un acte magistériel du Pape qui a reçu la mission, comme Pierre dans l’Evangile, d’être signe et vecteur d’unité au nom du Christ pour son Eglise. Son geste à l’égard des évêques excommuniés est un acte de pardon en vue d’une réconciliation qui est maintenant entre les mains des évêques. On ne peut pas obliger quelqu’un à aller où il ne veut pas aller. C’est comme un enfant qui aurait claqué la porte de la maison, à qui son père ré ouvre la porte plusieurs années après: «  tu peux revenir, mais je te signale, on a réaménagé l’appartement autrement, tu prends les meubles et tout le reste tel que c’est ». Aujourd’hui, aucune réintégration n’est demandée par les évêques, mais « la patate chaude » est dans leurs mains.

Sur le jugement moral de l’évêque de Recife quant à la petite fille violée que sa mère a fait avorter. C’est, à mes yeux, un jugement purement légaliste, pharisien, sans cœur et donc sans discernement. Une condamnation qui oublie que le viol est aussi un assassinat psychologique pour toute une vie, plus inhumain que la mort (qui est par définition, définitive). Est-ce que la torture n’est pas plus inhumaine que la mise à mort ?

Sur l’intervention dans l’avion vers l’Afrique :
Il y a un vrai problème de communication du saint Siège.
Trop contents de trouver un bouc émissaire, une certaine presse risque, maintenant que     le Pape est ainsi étiqueté, de ne pas en rater une, à son encontre.

3. Sur la question de fond de la moralité du préservatif

Ce que l’Eglise en ses ministres, enseigne, c’est qu’on ne peut se contenter d’un regard sanitaire (se préserver) sur le sens de la sexualité et de la relation sexuelle. Il faut y inclure un regard humain et spirituel.
Le regard humain, c’est la solidarité avec les malades : L’Eglise catholique est l’institution privée la plus engagée dans le monde contre la pandémie : 26% des aides sur la recherche et le soutien institutionnel et médical. Avant l’ensemble des ONG : 18%.
Le regard humain, c’est aussi le soutien dans les centres d’accompagnement et de compassion que les religieux et médecins ont créés.
Le regard spirituel, c’est que l’homme est capable de choix de maturité dans la maîtrise de sa vie sexuelle. Les vertus de chasteté, d’abstinence et de fidélité ne sont pas que chrétiennes, elles sont spirituelles (et aussi chrétiennes). Mais tout le monde peut orienter sa vie de manière vertueuse. Il le doit, même.

Voici une histoire africaine : C'est un vieux prêtre, missionnaire en Tanzanie, qui disait à des adolescents: "Pour éviter de se contaminer dans sa jeunesse c'est comme pour traverser un fleuve infesté de crocodiles: vous avez deux excellentes pirogues, l'une c'est l'abstinence, l'autre c'est la fidélité dans le couple. Ne vous lancez pas à la nage! Prenez place dans l'une ou l'autre pirogue. Mais si, pour une raison ou une autre vous tombez à l'eau au cours de la traversée, il y a derrière ces pirogues solides un canot de sauvetage, fragile, sur lequel vous pourrez encore vous hisser. Cette embarcation de secours, c'est le préservatif."

Le préservatif est un moindre mal dans la lutte contre la propagation de la maladie et de la mort. Il n’est pas un moyen de contraception normal. Mais il ne faut pas rajouter un mal (la mort) à un autre mal (le virus). Le moindre mal n’est pas l’unique bien.

Le Cardinal Lustiger, s’il faut trouver un autre homme d’Eglise crédible, a dit cela en 1988: « Il faut aider la nouvelle génération : elle désire découvrir la dignité de l’amour. La fidélité est possible. Tout véritable amour doit apprendre la chasteté. Des malades du sida sont appelés, comme chacun de nous, à vivre la chasteté non dans la frustration, mais dans la liberté. Ceux qui n’y parviennent pas doivent, en utilisant d’autres moyens, éviter le pire : ne donnez pas la mort. »
Le journaliste de reprendre : « Un pis-aller, le préservatif ? »
« Un moyen de ne pas ajouter au mal un autre mal… ».

Père Philippe Marsset, curé de st Pierre de Montrouge

Commentaires

Merci mon père pour ces éclaircissements. J'étais en effet gênée par l'affaire brésilienne, et votre point de vue est ferme et clair. On ne peut certes pas attendre de l'episcopat qu'il favorise l'avortement, mais je crois, comme vous le développez au point 3, que le problème originel est la maladresse de communication du Vatican : une plus grande discrétion, des propos nuancés, mais je sais bien aussi que la presse sort facilement une phrase de son contexte.
Delphine Thibault-Busschaert.

Écrit par : Delphine Thibault-Busschaert | 30 mars 2009

A propos du preservatif, ce qu'a dit le Pape est simplement un resume bien fait des conclusions des chercheurs en epidemiologie du MIT. D'autre part plutot que de critiquer betement, nous ferons mieux de tourner la page du social-colonialisme qui consiste a obliger les Africains dans nos mode de vie et de pensee. En Afrique subsaharienne, l'humanite prime sur la machine et la technique: la vie sociale est basee sur la generosite et le partage. Le preservatif ne marche pas dans ce type de societe et fait beaucoup de victimes au nom de la "suprematie de l'homme blanc"! Nous ferions mieux d'apprendre leur joie de vivre plutot que leur imposer nos sous-produits de latex.

Écrit par : John Testling | 09 octobre 2010

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