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19 février 2013

La pension de famille des Thermopyles a ouvert ses portes

L'accouchement a duré plus de dix ans, mais le bébé est beau. Issue d'une réflexion d'habitants du quartier, la pension de famille de la rue de Plaisance a ouvert ses portes en juin dernier et accueille 20 personnes, qui étaient en grande difficulté. Elle est inaugurée officiellement le 21 février.

Pension Thermopyles côté Thermopyles.jpeg

Un grand hall blanc, décoré de plantes vertes et d'une grande photo de tulipes. Au mur, des boîtes aux lettres réglementaires. Des baies vitrées laissent entrevoir le bureau, qui sert aussi de pièce d'accueil, et un vaste salon meublé d'un canapé, de fauteuil, d'une télévision, d'une bibliothèque. Le salon se prolonge par une cuisine, et une salle à manger. Les pensionnaires ont emménagé au mois de juin dernier. Bienvenue à la pension de famille des Thermopyles !

Elle a failli ne jamais voir le jour. Son histoire commence il y a plus de dix ans. En 2001, une groupe d'habitants réunis au sein de l'association, « Urbanisme et démocratie »  réfléchissent à la question du logement dans l'arrondissement. Ils recherchent comment inventer un habitat ouvert à tous, dans la mixité sociale.

Ils imaginent d'abord de construire (ou de restaurer) un immeuble « mille-feuilles » où cohabiteraient des ouvriers, des employés, des cadres et des personnes en grande difficulté. Le projet est matériellement compliqué, il n'existe pas d'immeuble disponible. Le groupe se tourne alors vers le projet d'une pension de famille, un habitat alternatif durable pour des personnes en difficultés et n’ayant pas accès à un logement autonome classique. Une circulaire, en 2003, vient de leur donner un statut, et permet de construire avec un prêt locatif aidé d'insertion (PLAI). La mixité sociale sera obtenue par l'implantation dans un secteur – le triangle des rues Bauer, Thermopyles, Plaisance - en voie de « boboisation » !

L'association présente un projet, soumis à l'Office public d'aménagement et de construction (OPAC), qui possède un terrain, rue de Plaisance. Le dossier est soutenu par la mairie du 14e, l'Hôtel de Ville, la DDASS. L'OPAC accepte... avec difficulté. L'Office regarde avec méfiance cette association de citoyens qui se pique de réaliser une opération de logement social, sans expérience antérieure . « On nous a imposé de nous associer avec une organisation déjà au fait du secteur, raconte Sabine Bröhl, la directrice, qui fut une figure du projet dès le début. Nous avons trouvé un partenariat avec la Fondation abbé Pierre. »

En 2006, un permis de construire est déposé, mais les difficultés s'accumulent. Un conflit surgit entre l'OPAC et l'architecte. Un nouveau concours est lancé. Puis surviennent des recours de riverains, qui contestent la hauteur d'un bâtiment. Des tensions se font jour dans l'association. Le chantier démarre finalement en 2010. Pour y parvenir, les militants de l'association « Pension de famille Bauer-Thermopyles-Plaisance », issue d'Urbanisme et Démocratie, n'ont pas compté leurs efforts. « Nous avons organisé des fêtes, de apéritifs-citoyens pour informer les riverains, se souvient Sabine Bröhl. J'ai fait du porte à porte pour convaincre les habitants des rues avoisinantes de l'intérêt du projet. Avec succès ! » La pension de famille a enfin ouvert ses portes l'été dernier, dans un beau bâtiment recouvert de lambris de bois, avec un petit jardin, entrée par la rue de Plaisance.

Contre la précarisation

Vingt personnes y sont hébergées, dans dix-sept studios. Auparavant, elles logeaient dans des centres d'hébergement et de réinsertion sociale, dans des hôtels meublés. D'autres étaient en foyer ou en en procédure d'expulsion. Peu ont un emploi. La plupart ont pour seules ressources le RSA, une allocation adulte handicapé (AAH) ou de fin de droits de Pôle emploi. La sélection a été réalisée par une commission rassemblant des représentants de l’État, de la Ville, de la Région et des associations. Les loyers sont ceux de logements sociaux, de 375 € à 540 € selon la taille du studio (17 à 26 m2, un seul à 30 m2) mais après les aides au logement, les bénéficiaires ne paient en réalité que de 30 à 100 €.

Pension Themopyles Salon.JPG

 « Une pension de famille, c'est une protection contre la précarisation, explique la directrice. Elle offre un toit, un immeuble à taille humaine, une stabilité, une mixité des âges et des situations, une convivialité avec les voisins, la possibilité d'un accueil un ancrage dans le quartier. Des liens se tissent entre les personnes. Les résidents peuvent y recevoir des amis, la famille, leurs enfants ou petits-enfants. Nous disposons d'ailleurs d'une chambre d'amis. Un couple d'hôtes assure à la fois la gestion de la maison, une présence rassurante, une écoute... et la garantie du respect du règlement intérieur. » Sabine Bröhl, à la fois hôtesse et directrice, travaille en binôme avec Guillaume, un éducateur. La charte de la maison, qui reprend les principaux points du règlement intérieur, est affichée dans le hall : respect de soi et des autres, respect des parties communes, refus de la violence verbale et physique, état d'ébriété non toléré dans les parties communes etc.

 A la pension de famille, des activités collectives sont proposées, certaines sont obligatoires, d'autres à la carte ! La cuisine attenante à la salle à manger permet des repas en commun, mais chacun dispose d'une cuisine dans son studio. Le lundi en revanche, chacun est convié au « Conseil de maison » où la présence de tous est demandée, pour discuter de la marche de la pension. Au cours de la semaine, le ménage des parties collectives est assuré à tour de rôle par les résidents. Un ciné-club va démarrer au sein même de la maison. L'ouverture sur le quartier se réalise par des contacts avec la Régie de quartier, pour les recherches d'emploi, par un rapprochement avec « le Moulin à café », un café associatif tout proche où l'on peut apprendre à danser la zumba, participer à des ateliers couture, jouer aux échecs ou au scrabble, ou écouter de la musique...

 La vie rue de Plaisance a désormais trouvé sa vitesse de croisière. Après l'euphorie de l'été, avec la découverte de la pension, l'emménagement, les parties de pétanque et les barbecues dans le jardin, il a fallu parfois quelques rappels au règlement... La maison a connu déjà une première épreuve, le décès d'un résident, ce qui a à la fois marqué et soudé la communauté. La pension de famille est inaugurée officiellement le 21 février, avec Jean d'Aubigny, préfet d'Ile de France, Bertrand Delanoë, maire de Paris, Jean-Paul Huchon, président du Conseil régional et Pascal Cherki, maire du 14e.

 Gérard Desmedt

Pension de famille des Thermopyles – 15 rue de Plaisance 75014 Paris. Tél. : 01 53 90 45 27

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