La rue Paul Fort (23 mars 2009)
Elle n’a rien d’original, cette rue. Deux cent mètres bordés d’immeubles sans caractère. Une impression de solitude, d’abandon presque. Tout en haut, elle fait un coude qui débouche sur une ligne de crête formée par la rue de la Tombe Issoire et la pente versante de la vallée de la Bièvre, qu’empreinte l’avenue Reille. Et pourtant , le fait de porter un nom reconnu de la poésie, lui donne presque le sourire, un côté aimable, une juvénile gaîté que n’aurait pas refusé notre poète.
Paul Fort avec Georges Brassens
Paul Fort ? Qui connaît ou se rappelle de ce poète ? Il fut pourtant très prolifique en son temps, fin 19e, début 20e siècle. Qui parle encore de ces « Ballades françaises » parus en 1897 ? L’aisance de son écriture, la prolixité de ses écrits, l’expression quotidienne de l’existence, les sujets éternels que sont l’amour, la mort, la fraternité, le bonheur simple, le rattachent spirituellement à François Villon, Verlaine, Apollinaire. Il fut le compagnon de Jarry, de L.P. Fargue et Francis Jammes.
Sa poétique se résume en une phrase : « il faut être de toutes les écoles avec conviction. Autrement dit, il ne faut être d’aucune ». Bel éloge à la liberté , à la rupture avec les formes académiques de la prosodie classique. Dès 1894, il inaugure le « vers libre », et en 1896/97, une forme nouvelle appelée prose poétique… « Un style pouvant passer au gré de son émotion, de la prose au vers, et du vers à la prose ; la prose rythmée formant la transition. Ainsi la prose rythmée et le vers libre ne deviennent qu’un instrument gradué… » C’est ce que Charles Morice appela : « le langage total ».
Au soir de sa vie, Paul Fort écrivait :
« L’amour aura le dernier mot
Quant à la mort, qu’importe :
Je suis au tombeau. Le rossignol chante »…
Un testament universel dont chacun est un peu le destinataire !
R.Rillot
05:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paul fort, georges brassens, paris 14, porte d'orleans | Facebook | | Imprimer |