La rue de la Santé (III) (21 octobre 2010)
Nous continuons notre « balade » rue de la Santé. Nous insisterons aujourd'hui plus particulièrement sur ses abords immédiats et sur le mur des Fermiers Généraux qui devenait au XVIIIe siècle la nouvelle « frontière » de Paris. Ce mur fut édifié entre 1784 et 1787. Il était haut de trois mètres et faisait vingt-trois kilomètres de pourtour. Son but était de permettre aux Fermiers Généraux de percevoir l'octroi (exemple, la Barrière de Clichy). Claude-Nicolas Ledoux, est pressenti pour en diriger sa réalisation.. Il crée un boulevard de soixante mètres de large. Aucune construction à moins de cent mètres du mur ne peut être installée. Des pavillons d'octroi sont construits. Ceux de la place Denfert-Rochereau en sont les derniers témoins. Voilà pour l'essentiel.
A partir de la rue de Gentilly, on se heurte à la Barrière de la Fosse-aux Lions, et plus haut sur la rue Saint Jacques, à la barrière d'Arcueil. La Fosse-aux-Lions se trouvait entre l'actuel Hôtel "Mariott "et le Foyer international Jean-Monnet de la rue Cabanis, et la rue Dareau. C'était une ancienne carrière. Ici, 500 à 600 chiffonniers avaient établi leur demeure. Ils partaient chaque nuit prospecter les ordures du Paris d'alors... . Par ailleurs, l'arasement partiel du hameau du Petit-Gentilly, du à la construction en 1840, des fortifications de Thiers, enferme la population et l'isole un peu plus dans la misère. Car l'industrie se développe tout le long du cours de la Bièvre. Eugène Sue dans les Mystères de Paris, et V. Hugo dans les Misérables, narreront les dérives de la violence, la déchéance, le crime, la maladie que supporte une population démunie et déracinée, qui pour l'essentiel venait des campagnes. La nouvelle ceinture de Paris, devient un espace de pauvreté et de vie dégradée. Hospices, prisons, cimetières, industries polluantes se retrouvent en dehors du Paris intra muros. Ainsi, c'est le lot du faubourg Saint-Jacques, des rives de la Bièvre (photo de E.Atget, près de la Porte d'Italie) et du faubourg Saint-Marcel.
Cependant a contrario, en 1836, la rue de la Santé voit l'établissement des Augustines du Saint-Cœur-de-Marie. Les Dames Augustines anticipent d'environ deux décennies le remaniement haussmannien Depuis Marguerite de Provence, la réputation de salubrité de l'air allant du Val-de-Grâce au boulevard du Midi explique la densification progressive d'hôpitaux et de maisons religieuses. Leur jardin s'étend tout le long de ce qui sera le boulevard Arago et descend jusqu'à l'actuelle rue de la Glacière. Espace, bon air, font de ce couvent un lieu de paix et de sérénité, contrastant avec l'au-delà du mur des Fermiers...
N.D.L.R. Documentation extraite du numéro 39 de la S.H.A. du 14e
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