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12 mars 2009

Le Lion de Belfort et le Colonel Denfert-Rochereau

Le Lion de Belfort est détenteur du record mondial de volume en sculpture animalière, dû à l'illustre Bartholdi (spécialiste des œuvres géantes).

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Le lion de Belfort, à Denfert

Il y a maintenant quelques années, il avait subi une révision complète dans une entreprise spécialisée d'Argenteuil : il s'agissait d'une restauration du squelette de fer qui sert de support à sa robe de cuivre, d'un décapage-lustrage de celle-ci et, nous a-t-on dit, d'un traitement de surface protégeant l'animal de l'oxyde de carbone et des gaz brûlés provenant de l'intense circulation automobile qui entoure en permanence le monument.

A ce propos, remarquons que cet événement parisien a révélé à la plupart de nos concitoyens que notre Lion n'était pas en bronze, mais bien en cuivre repoussé, erreur si répandue qu'elle a trompé jusqu'à l'excellent historien de Paris : Hillairet (et ses successeurs).

On sait que le Lion de Belfort parisien est la reproduction de son jumeau de Belfort, également œuvre de Bartholdi, mais d'une tout autre technique, puisqu'il a été exécuté, entre 1875 et 1880, en grès rouge des Vosges, en des proportions voisines de notre Lion (hauteur : 11m. longueur 22m). Les deux monuments ont ainsi été réalisés de façon concomitante, puisque le nôtre (construit par l'entreprise Mesureur et Monduit) a été inauguré en 1880.

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Son homologue à Belfort

Un symbole de résistance à l'oppression

Mais venons-en à la motivation profonde de ce double hommage mémorisant de façon spectaculaire et durable ( depuis 120 années !) l'extraordinaire fait d'armes que fut l'échec magistral et quasi unique de la Prusse et de ses alliés devant Belfort en 1870-1871 : l'opinion unanime y vit la revanche, certes ponctuelle, d'un baroud d'honneur, mais qui ne fut pas sans fruit, puisqu'il permit à la France de conserver Belfort lors du traité de Francfort. Ce sentiment, suscité par un fait en somme local, est bien traduit par les deux inscriptions gravées sur la tranche du socle de chacun des deux lions : - A Belfort : "Aux défenseurs de Belfort 1870- 1871" - A Paris : " A la Défense nationale 1870 – 1871".

De la sorte, le fait d'armes de Belfort est salué en la personne collective de ses auteurs sur les lieux mêmes de leur exploit. A Paris, le Lion de Belfort est devenu le symbole de la résistance des Armées de la République à l'envahisseur durant cinq mois ( de septembre 1870 à janvier 1871.)

C'est ici le lieu de dire que, malgré son nom donné à l'ex barrière d'Enfer ( par un jeu de mots facile), l'attention du public a été orientée bien plutôt sur le Lion que sur le colonel Denfert-Rochereau, qui fut le seul organisateur de la défense de la place forte, à lui confiée par le gouvernement de la Défense nationale.

Le Colonel Denfert-Rochereau

Pierre_Philippe_Denfert-Rochereau_by_Georges_Lafosse.jpgDès le 19 octobre 1870, le Colonel du Génie Pierre Philippe Denfert-Rochereau (gravure de Georges lafosse), homme d'une énergie et d'une activité extraordinaires. (Il s'était distingué en Italie, en Crimée et en Algérie), disposait d'une garnison de 16000 hommes, mais provenant de formations hétéroclites. Il les amalgama si bien qu'il en fit un corps discipliné, avec lequel il soutint le siège de Belfort durant 105 jours, après une occupation de deux semaines dans l'attente de l'ennemi.

Celui-ci était commandé par le général bavarois von Tresckow, qui n'y conquit pas son bâton de Feldmaréchal. Par d'habiles et savants travaux, Denfert-Rochereau avait interdit l'assaut de sa place forte, malgré un bombardement de 73 jours consécutifs ( 400 000 projectiles sur la ville et ses abords !). Paris avait capitulé le 28 janvier 1871, et ce n'est que le 16 février que le Colonel Denfert-Rochereau consentit, sur la demande expresse du gouvernement français - et " la place n'étant pas entamée" – à évacuer la ville et les forts.

C'est ainsi que la garnison de Belfort sortit librement de son enceinte inviolée, avec drapeaux, armes et bagages… Elle avait perdu le quart de ses effectifs ( 4745 tués ou blessés graves….)

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Et dans le cadre de l'époque

Le Colonel Denfert-Rochereau (1823 – 1878) ne bénéficia d'aucun avancement. Il devint député de Paris, rallié à Gambetta, qui avait été l'inspirateur et l'animateur de la Défense nationale en "l'Année terrible". La 3ème et la 4ème République oublièrent Denfert-Rochereau. Ce n'est que la 5ème qui, en 1979, s'avisa de l'absence d'effigie sur la place qui s'honore de son nom. On apposa alors un large médaillon du Colonel à l'avant du socle de notre Lion ( ce piédestal vient d'ailleurs d'être nettoyé.) Mais, pour aller voir la physionomie de Denfert-Rochereau et en distinguer les traits, il faut risquer sa vie. Aussi, en donnons-nous une image très ressemblante.

On a souvent dit que ce félin géant avait été tourné vers l'ouest, en 1880, pour ne pas porter atteinte aux susceptibilités germaniques. Ceux qui l'ont cru ne connaissaient pas l'usage de la boussole, car son corps est orienté plein sud…

R.L. Cottard. Ex président d'honneur de la S.H.A du 14e.

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