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06 juillet 2010

Nannerl, la soeur de Mozart, de René Féret : un film plein de charme.

Le thème du film : Mozart avait une sœur aînée surnommée Nannerl. Enfant prodige, elle est présentée avec son frère à toutes les cours européennes. A l'issue d'un voyage familial de trois années, elle rencontre à Versailles le fils de Louis XV qui l'incite à écrire de la musique. Mais Nannerl est une fille et une fille n'a pas le droit de composer...

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Ne tardez pas à aller voir ce film plein de charme qui décrit  la vie de la famille Mozart au cours de ses tournées en Europe et tout particulièrement en  France. Léopold Mozart présente ses enfants musiciens ( ce qui était une mode au XVIIIème siècle)  dans les diffrentes Cours et il n'hésite pas à insister sur l'aspect enfants-prodiges en les rajeunissant  et en ajoutant des exploits : jouer sans voir le clavier ou virtuosité sur plusieurs instruments.

L'auteur  sait montrer avec une grande  finesse les relations familiales tout à la fois très tendres et pourtant injustes vis-à-vis de la jeune fille que Léopold sacrifie au profit de Wolfang dont a discerné le génie et comme  c'est un garçon, il a donc le droit de composer et de jouer de tous les instruments.

En effet, René Féret analyse la place des femmes dans la société : qu'elles soient filles du roi ou musiciennes elles doivent s'effacer et même se sacrifier. Les  trois dernières filles de Louis XV ne vivent pas à la Cour mais dans une abbaye et sont destinées à prendre le voile très jeunes. Nannerl doit se travestir pour approcher du Dauphin et elle a alors le droit de montrer tout son talent.

Les photos sont superbes : une lumière, des couleurs très douces, en effet  certaines scènes se passent  dans la pénombre de la chambre où logent les 4 membres de la famille ou dans les calèches pendant leurs interminables voyages. Les décors, les costumes splendides servent à merveille à faire ressortir le contraste entre la pauvreté de cette famille et la magnificence de la Cour de France ou des riches hôtes qui invitent les musiciens.

La musique du film composée par Marie-Jeanne Serero est très belle et a la couleur du XVIII, si bien qu'au cours du film on croit vraiment que ce sont des oeuvres de la jeune Nannerl Mozart.

Les acteurs sont  très justes : en particulier  la jeune Marie Féret qui incarne  Nannerl  avec beaucoup de sensibilité.

Monique Garrigue- Viney


Voici quelques précisions intéressantes de René Féret qui permettent de comprendre encore mieux le film.

C'est à travers la correspondance volumineuse des Mozart que le réalisateur René Féret a découvert les autres membres de la famille du compositeur et surtout les personnalités féminines qui l'entouraient. Il explique ainsi ce qui lui a donné envie de faire ce film: " Elle commence avec les lettres de Léopold, le père Mozart, à son ami de Salzbourg, celui qui l'a aidé financièrement à réaliser cette folie : traverser l'Europe en famille pendant trois ans. Par reconnaissance, Léopold lui raconte sa tournée par le menu. Présenter ses enfants prodiges devant toutes les cours européennes était une aventure extraordinaire...

Puis le personnage de Nannerl est apparu. Tiens, Mozart avait une sœur. Plus âgée que lui de presque cinq années. Elle était prodige, elle aussi, merveilleuse chanteuse, claveciniste remarquable. Elle faisait partie du spectacle. Dès l'âge de trois ans, son père lui a appris la musique. Mais elle était une fille et Wolfgang est né. C'est sans doute grâce à elle, aînée jouant du clavecin sous les yeux ébahis de l'enfant, que les aptitudes du petit génie se sont magiquement développées. Wolfgang allait éclipser Nannerl....

J'ai repensé à d'autres personnages féminins sacrifiés : Camille Claudel, Adèle H, et toutes celles oubliées à jamais. J'avais envie de faire un film."

"Une musique imaginaire"

Le réalisateur...a tenu à faire ici de la musique un personnage central: "En général, je n'aime pas beaucoup les musiques de films. Mais ici, la musique est un personnage vivant, essentiel. Il fallait inventer celle qu'aurait pu écrire Nannerl Mozart. Pas celle de Wolfgang. Une musique qui s'en distingue tout en appartenant à la famille Mozart et en s'inscrivant dans le Baroque. Gabriel Yared, que j'ai connu il y a trente ans à l'occasion du tournage de Sarah, film de Maurice Dugowson que je produisais, Mozartien passionné, a beaucoup aimé le projet, il m'a présenté Marie-Jeanne Serero. Il avait raison. Il fallait une femme. Elle a relevé le défi avec audace : écrire en musicienne d'aujourd'hui une musique d'hier, celle de la sœur de Mozart !"

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