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23 janvier 2012

Le Havre, un film de Aki Kaurismaki

avec André Wilms, Kati Outinen, Jean-Pierre Darroussin

On peut se demander si le titre du film a un autre sens que celui du grand port normand qui lui donne son nom. En suivant le héros, Marcel Marx, qui pratique le petit métier de cireur de chaussures, on découvre dans des quartiers oubliés, à l’habitat dégradé et néanmoins coloré des havres de vie tranquille, à la lisière de la société actuelle, propres à donner asile.

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En contraste, il ya des flashes d’une actualité brutale connue et pourtant à mille lieues de notre quotidien, celle des immigrants illégaux venus d’ailleurs, leur traque par la police, leur parcage dans les centres administratifs de rétention, leur immense espoir d’une vie meilleure sur notre vieux continent.

Le réalisateur ne prétend pas traiter du problème de l’immigration clandestine, encore moins le résoudre encore qu’on devine bien où vont ses sympathies. Il nous raconte une belle fable qui nous rappelle celle du Bon Samaritain de l’Evangile : la rencontre d’un homme déjà âgé, plutôt heureux de vivre malgré sa situation précaire et d’un jeune africain en cavale, activement recherché par la police, dont l’extraordinaire dignité l’émeut. Il va alors, dans un élan de générosité, déployer toute son imagination et son ingéniosité pour le sauver de la police, en s’appuyant sur son réseau restreint mais solide d’amis et de voisins. Et ce malgré l’inquiétude qu’il éprouve pour la santé de sa femme, gravement malade et hospitalisée.

Emotion et drôlerie se mêlent : l’énergie et la douceur d’Idrissa, le jeune africain, si soucieux de rendre service à son protecteur, la faconde de notre héros, qui ne se veut jamais pris au dépourvu, son amour pour sa femme malade, et aussi le personnage un peu trop caricatural du commissaire qui cache sous sa froideur une réelle humanité.

La poésie des images de Kaurismaki nous saisit aussi: celles du port du Hâvre immense et noyé de brume, de la mer battant les falaises de Calais à la fois espoir et obstacle pour les clandestins, d’un arbre en fleurs, symbole d’un bonheur retrouvé.

Un très beau film sur la solidarité à l’égard de l’étranger «mon semblable, mon frère» à ne pas manquer.

Isabelle Constans

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