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31 janvier 2012

La "Voie-Verte" ou la mémoire d'une rue

Qui se souvient aujourd’hui de la Voie - Verte ? Elle prenait naissance sur la rue de la Tombe Issoire, non loin du carrefour que celle-ci fait avec la rue d’Alésia. Autrement dit, elle se détachait à cet endroit de l’ancienne voie romaine reliant Lutèce à Orléans.

 La Voie-Verte est devenue après la Seconde guerre mondiale la rue du Père Corentin, franciscain assassiné par la Gestapo en juin 1944, comme indiqué sur les plaques bleues de cette rue. Rappelons rapidement les faits.

 L’un des Pères, Corentin Cloarec, est aumônier des « Résistants de la Place Denfert – Rochereau ». Fin juin 1944, la Gestapo connaît les noms du groupe. Le 28 juin au matin, deux jeunes français de l’Abwehr se présentent au couvent. Le père est absent ; ils reviennent et le portier sans méfiance, appelle le père et l’introduit avec les visiteurs dans un parloir. Soudain, ils déchargent leurs armes. Le père est blessé au ventre ; il a la force de se traîner au dehors du parloir et de rentrer dans le couvent. La police alertée arrive, mais les membres de l’Abwehr leur font comprendre qu’ils n’ont rien à faire ici. Il est 12 heures 15. Un allemand et un français, l’arme au poing, transportent le père chez un médecin de la rue Sarrette. Le père Corentin peut encore parler : « je leur pardonne et je meurs pour la France ». Jusqu’au lundi, le père est exposé à l’entrée du couvent. Les funérailles auront lieu le 3 juillet 1944. Six mille personnes y assistent. L’année suivante, la rue de la Voie-Verte deviendra la rue du Père Corentin.

Triste épisode en vérité. Mais la Voie-Verte quid ? Sans doute une évocation champêtre, propre à une époque où seuls quelques puits de carrier étaient disséminés sur un territoire encore peu urbanisé. On pouvait encore y apprécier l’aspect bucolique mais fortement bouleversé du paysage, celui-ci étant compris entre la rue de la Tombe Issoire actuelle et l’ancienne avenue d’Orléans.

Evoquer un lieu, c’est se souvenir, c’est imaginer la vie à travers quelques indices peu à peu effacés par le temps. C’est anticiper aussi ce que sera la ville dans cent ans, deux cents ans… Alors la Voie-Verte ? Un trait de mémoire abandonné sur le bord d’un chemin oublié.           R. Rillot

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