11 mars 2020
Le monde entier au 50 boulevard Jourdan
Acheté par l’Office immobilier d’Ile de France, loué à la Régie immobilière de la Ville de Paris, l’ancien garage Citroën du boulevard Jourdan accueille pour deux ans des réfugiés et loge des familles qui étaient à la rue.
De loin, peu de choses ont changé. Le bâtiment de l’ancien garage Citroën du 50 boulevard Jourdan, a toujours sa forme arrondie. Le bâtiment a été toutefois surélevé pour atteindre la même hauteur que le nouvel immeuble du CROUS qui le jouxte, rue de la Tombe-Issoire. Mais lorsque l’on passe la porte de verre, on découvre un espace où passe maintenant le monde entier.
A l’intérieur, des travaux importants ont été réalisés en un temps record (quelques mois !) pour transformer l’ancien garage. Au rez-de-chaussée, la Maison des réfugiés a ouvert en novembre dernier. Le vaste espace a été organisé en accueil pour des réfugiés arrivés depuis peu en France, en lien avec la Ville de Paris. On y trouve des lieux-salons, des salles de réunions, un mini espace scénique, un bar-bibliothèque, une « boutique éphémère » tenue par Emmaüs Solidarité, où l’on vend un peu de tout, des vêtements, du linge, de la vaisselle, des CD et des DVD, etc. Pour quelques centimes ou quelques euros. Et même une radio libre, Galaxxy, qui diffuse de la musique de tous les continents.
Les réfugiés ne logent pas sur place. Ils arrivent des Centres d’hébergements et de réinsertion sociale (CHRS) alentours (notamment celui de la rue de l’Aude) ou des hôtels. Ils trouvent boulevard Jourdan une palette de services : une cuisine pour préparer eux-mêmes des repas, une buanderie avec une batterie de lave-linge et de sèche-linge.
Plusieurs associations partenaires travaillent avec Emmaüs Solidarité pour offrir des cours de français, des aides à l’insertion professionnelle, des ateliers d’écriture et de création graphique, des activités sportives aussi comme le football,le taekwondo (art martial coréen), la capoeira (art martial acrobatique et ludique afro-brésilien),. Des conférences thématiques informent sur l’accès aux crèches, sur les modes de garde pour enfants...
L’espace scénique accueille des concerts, le 6 février, c’était Maya Kamaty, une chanteuse réunionnaise, venu faire découvrir la musique Maloya de son île. Certaines propositions rencontrent un succès inattendu, comme ces cours de couture proposés par un tailleur afghan !
Dans les étages, les architectes ont conçu un centre d’hébergement pour 280 personnes. « Nous avons 207 places pour des familles, dont beaucoup de familles monoparentales, 73 places pour des personnes isolées, 36 pour les femmes, 37 pour les hommes. Nous réservons aussi 20 lits pour les personnes rencontrées au cours de maraudes effectuées par notre association, précise Bruno Morel, le directeur général d’Emmaüs Solidarité. La plupart des hébergés vivaient dans un grande précarité. Sur 130 foyers accueillis ici, 20 seulement ont des ressources.
Les enfants sont nombreux : 132 vivent ici. Il a fallu les scolariser… La Mairie du 14e a beaucoup travaillé pour leur trouver une école. Les familles nous sont envoyées par le Service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO). Ce service travaille en lien avec le 115, le Samu social. »
Les hébergés disposent d’une chambre, et de sanitaires collectifs avec lavabo, douche, toilettes, pour 8 personnes. 8 salles à manger (2 par niveau) où chaque famille dispose d’un réfrigérateur. Les repas sont livrés bruts, donc non cuisinés, un panier par famille, à charge pour chacune de se préparer à manger. Le centre propose des ateliers « Mission santé » sur l’alimentation, l’hygiène. Une salle a été prévue pour les adolescents, avec une télévision.
34 salariés travaillent boulevard Jourdan, au service des réfugiés et des hébergés. Des travailleurs sociaux (9) et 3 jeunes en service civique. Mais aussi des animateurs, des gardiens. Ils sont épaulés par une vingtaine de bénévoles, qui s’occupent surtout des enfants : ils assurent des soutiens scolaires, de l’animation et des sorties le mercredi.
Le Centre Jourdan se veut largement ouvert au quartier. Les concerts, la boutique, le bar sont accessibles aux habitants du 14e. Et l’arrivée de ce nouveau public n’a pas suscité d’hostilité. « Les Parisiens se montrent intéressés par ce qui est mis en œuvre pour accueillir les réfugiés et les gens de la rue, constate Bruno Morel. Et, au fil des mois, les gens du quartier nous découvrent et poussent la porte du Centre. »
Dans deux ans, Le Centre devra déménager. Le bâtiment subira de nouveaux des transformations, avec l’installation de soixante chambres pour étudiants. Et, aussi d’une quarantaine d’ateliers d’une centaine de m² réservés en priorité à des artisans - créateurs, métiers d’art, designers, graphistes etc. Avec sans doute aussi des commerces en rez-de-chaussée.
Gérard Desmedt
10:59 Publié dans La Voix ci, La Voix là, Solidarité | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer |
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