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18 janvier 2009

« A côté » film documentaire de Stéphane Mercurio, photographie de Grégoire Korganow, écrit par Anna Zisman

Ne manquez pas d’aller voir ce film passionnant et bouleversant ! A un moment où la question des prisons est souvent posée dans l’actualité à la suite de faits-divers, et suicides qui se déroulent en milieu carcéral … ce magnifique documentaire nous présente une approche du côté des familles.

A côté dans la salle du tribunal.jpg

« Dans ce film : pas de cellule, pas de gardiens, encore moins de détenus. Dans la petite maison de l'association Ti-Tomm, accolée au mur de la prison des hommes à Rennes, on attend l'heure du parloir. Les femmes se font belles. Les familles arrivent à l'avance, toujours. Quelques secondes de retard, et la porte de la prison restera fermée. On vient une, deux, trois fois par semaine, chaque semaine, pendant des mois voire des années. Ce sont majoritairement des femmes; ces pénélopes des temps modernes vivent au rythme de leur homme à l'ombre. Mais il y a aussi les mères, parfois les pères. Le temps est suspendu, la vie comme arrêtée. L'arbitraire de la prison, les transferts, les interdits sont leur quotidien. En faisant le choix de rester résolument "à côté" de la prison - du côté des familles - le film propose paradoxalement une approche éminemment frontale de ce qu'est la réalité carcérale. La prison en creux. La vie sans l'autre. »

A côté signe de main.jpg

Ces femmes, ces parents sacrifient des après-midi, voire des journées pour faire le trajet, attendre l’heure de la visite et apporter leur réconfort. Ce sont des témoignages bouleversants : chaque geste est signe de cet amour : les femmes se font belles, elles parfument le linge de leur homme… Souvent elles connaissent de grosses difficultés matérielles et pourtant elles vont économiser sur leur nécessaire un peu d’argent pour que le détenu ait des cigarettes, des livres …Un père confie qu’il pense sans cesse à son fils et les jours où il n’y pas de visite, il lui écrit ou prie pour lui. Et puis vient le jour où la visite n’est pas possible : la carte magnétique n’a pas enregistré le rendez-vous. Le prisonnier n’est plus là : on ne peut pas savoir s’il y a eu un transfert dans une autre prison ou à l’hôpital, ou un autre problème, des questions qui restent sans réponse et on repart l’angoisse au cœur. La sortie de prison ? C’est tout à la fois l’espoir et l’inquiétude, comment vont-ils réapprendre à vivre ensemble après une si longue séparation et avec les enfants qui ont grandi ? Et s’ils récidivent ? Ces femmes, ces hommes parlent avec pudeur et franchise  A la sortie du parloir, la tension se relâche et les larmes coulent parfois : « Aujourd’hui, il n’allait pas bien, il m’a fait des reproches… »

L’image magnifique, les gros plans sur les visages, les mains qui se crispent, ou symboliques une femme seule au milieu d’une salle d’assises… expriment avec force la détresse des familles.

Pas de commentaire, mais une série de portraits faits de témoignages, d’instants de vie de ces personnes. La solidarité entre les familles de détenus se crée, mais ces femmes, ces parents restent, malgré tout, seuls. Seuls face aux institutions et à une société qui ne pense guère à eux.

Mieux qu’aucun rapport, ce film suggère les problèmes très graves des personnes incarcérées et le sujet tabou : l’absence de solution pour leur réinsertion future.

 

Monique Garrigue-Viney

 

Ce film est à l’affiche lundi 19 janvier à l’Entrepôt à 15h40 7-9 rue Francis de Pressensé et dans la salle Les 3 Luxembourg, 67 rue Monsieur le Prince, (RER Luxembourg -Bus 38 et 21) ce même lundi 19 janvier à 21h, cette séance sera suivie d’un débat avec la réalisatrice.