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14 décembre 2008

La Fosse aux Lions

Ou la présence de chiffonniers dans les anciennes carrières

Sur le territoire du Petit Montrouge, l’extraction des pierres de carrière, laissa au fil du temps, de grands vides qui attirèrent l’installation d’autres activités.
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Il faut préciser que depuis 1774, les carriers exploitant les sites d’extraction, devaient combler les vides qu’ils laissaient. C’est là qu’apparut une activité de salubrité publique : la collecte des ordures et immondices de Paris . 

Depuis la création du Mur des Fermiers Généraux à la fin du 18e siècle, le transit des ordures provenant du centre de la ville ( les Halles),  était en partie exécutée par des chiffonniers dont le travail consistait à trier les ordures pour  remettre certains de leurs produits à des maraîchers qui avaient le droit de les déverser dans leurs champs. Ces derniers devaient être situés à plus de deux kilomètres des « Barrières », en fait le Mur des Fermiers Généraux. Ainsi, les ordures étaient collectées et rassemblées aux « portes maraîchères » : la barrière Saint jacques l’était entre toutes. Et là, nous voyons apparaître le site de la « Fosse aux Lions », constitué  de l’ancienne carrière limitée par l’actuel boulevard Saint-Jacques, la rue Cabanis et la rue des Catacombes ( actuelle rue Dareau).
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La répartition et la collecte se faisait par adjudication. L’adjudication désignait un louageur, qui lui-même rétrocédait à un sous-loueur tout ou partie des immondices provenant des divers quartiers de Paris. En outre les maraîchers faisaient à part entière partie du circuit.

Sur l’appellation de la dite « Fosse aux Lions », on peut sans trop se tromper, dire que les dits chiffonniers n’étaient pas tous des enfants de chœur… Cet endroit tenait plus d’un repaire de : tirelaines, escarpes, fourlines et chevaliers de la pince-monseigneur…  Une sorte de marché aux puces avant l’heure qui attirait, on s’en doute des malfrats de toute sorte ! Les chiffonniers étaient ces « lions » occupant cette ancienne carrière… Cela devait être animé ! Certains possédaient des surnoms plutôt cocasses tels que : Marron sculpté, Pas-de-chance, le Frileux, Mort au vin, Plein-de-puces, la Miteuse, la Trouillotte, la Papavoine, la Chaufferette... Vision pittoresque d’un lieu-dit voué à la misère et sans doute au crime, aux règlements de compte en tout genre.

Mais peu à peu, l’activité des chiffonniers déclina par le seul effet de l’évolution économique; la récupération et la revente des produits de rebus étant remplacée par le développement des produits manufacturés de l’ère industrielle. Les déchets de la ville perdirent  au cours des années, de leur valeur, et de ce fait leur revente ou transformation cessèrent d’être intéressant. La « Fosse aux Lions » avait vécu. Elle fut remblayée en 1850 . La plupart des chiffonniers se réinstallèrent du côté du quartier de la Glacière, en bordure de la Bièvre. En 1883, le préfet Poubelle créa sa fameuse « boîte ». C’en était fini de la « récup ». Aujourd’hui, le lieu est occupé par un grand hôtel, quatre étoiles. La rue Cabanis est calme. On n’entend plus de clameurs, de cris. Encore un « Mystère de Paris » disparu !

R.R

N.D.L.R – Documentation extraite de la Revue de la S.H.A du 14e: N° 24