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16 février 2014

Un film « Au bord du monde » de Claus Drexel

Dans ce film-poème d’une très grande beauté, le réalisateur nous fait découvrir la longue nuit des sans-abri au cœur de Paris et leur donne la parole : de magnifiques prises de vue dénoncent le contraste entre la splendeur des monuments et des ponts illuminés et la fragilité de leurs abris de fortune : tentes, cartons, parfois de vrais campements dans des lieux improbables : parkings, quais, trottoirs.

solidarité,sans-domicile,claus drexelC’est au cœur de ces nuits sans sommeil, marquées par le froid, la crainte d’une agression, la nécessité de vider les lieux au petit jour « pour ne pas déranger » qu’ils parlent un peu d’eux, toujours avec pudeur et souvent avec humour mais aussi du monde, de la société et finalement de ce qui les fait tenir : souvent l’amour passé ou espéré.

 Peu à peu, au fur et à mesure des rencontres et des dialogues avec le réalisateur, nous apprenons à les connaître et, même, à les aimer. On se souviendra de celui qui philosophe sans révolte sur la régression de l’espèce humaine après avoir véhiculé avec énergie son énorme campement à travers Paris , de la dignité poignante de cette femme immobile et stoïque sous la neige, survivant dans l’espoir de retrouver ses enfants et de renouer le lien familial. mais il y en a d’autres tout aussi humains et touchants.

Le réalisateur n’a pas évoqué le travail des associations d’aide aux personnes sans domicile : ce n’était pas son propos. On peut regretter que ce travail d’accueil, d’accompagnement, de fraternité partagée ne soit pas mentionné car il fait partie aussi du quotidien des personnes sans domicile.

La beauté du film tient au regard que le réalisateur pose sur les gens de la rue : sans apitoiement et sans misérabilisme, il met en lumière la noblesse et la dignité de leurs vies de pauvres.

Isabelle Constans

A ne pas rater, courez-y vite, ça risque de ne pas durer. Directeur de la photo Sylvain Leser- Salles Sept Parnassiens, Espace Saint Michel-