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21 avril 2009

Oh ! la vache...

Autrefois, les vaches attendaient de voir passer le train de 8h 47 pour se mettre au travail, c’est-à-dire brouter… du trèfle ou les hautes herbes des prairies. Aujourd’hui, elles montent sur les toits, comme jadis un certain « bœuf », leur petit frère !

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Ainsi, si vous vous promenez rue Daguerre, vous verrez au-dessus de la boutique d’un fromager inspiré, sis au 5 de cette voie piétonne, une vache contempler la foule des passants de son œil languide. Notre fromager pour bien marquer l’identité originale de son commerce a disposé au niveau du premier étage de l’immeuble, la statuaire de ce bovidé au pelage éclatant de lumière. Ici, l’abondance et les fragrances de moult fromages s’entrecroisent, se marient, s’agglutinent pour créer un océan de senteurs puissantes et offrir à la narine experte et sensible que vous possédez, la vigueur chaleureuse du camembert premier, mêlée à l’arôme puissant du munster, tandis que la cancoillotte flirte avec le brie de Meaux en perspective d’épousailles éternelles.

Pendant ce temps, où vous êtes charmé par l’ambiance olfactive des lieux, notre vache paisible et sereine, convaincue de l’importance de son rôle, offre sa silhouette rassurante à nos yeux de flâneur surpris, tandis que le chaland distrait ou inculte se fait prendre au piège des parfums issus des terroirs fromagers de France et de Navarre !

Ainsi, cette vache « au balcon », si quelque peintre de talent se fut trouvé dans les alentours, eût pu devenir le modèle d’un tableau que le douanier Rousseau n’eût pas renié ; lui, qui s’entendait si bien à fixer les lignes d’une réalité «  émerveillée », et ceci sous les traits d’une dessin naÏf rehaussé d’aplats aux couleurs débarrassées de toute vibration impressionniste. Heureuse vache ! Je vous vois encore traversant les airs, propulsée par le pinceau fougueux d’un Chagall…à moins que les peintres de Barbizon eussent, eux aussi, pressenti toute la sensibilité contenue dans les courbes sinueuses de votre croupe épanouie !

Mais revenons à notre «  sujet » : la vache de la rue Daguerre. Le photographe éponyme aurait pu, lui aussi, fixer les traits de la bête ! C’eût été une belle étude à traiter pour ses premières expériences photographiques. Et là, ce bovidé élégant, mammifère ongulé, artiodactyle, nous rappelle, tout simplement que le quartier fut, il y a longtemps «  hors les murs », au-delà de la ville, et que moulins, prés fleuris, jardins et fermes peuplaient tout l’espace laissé libre alentour.

Heureux temps, où les vaches avaient leurs sabots posés en pleine terre et non sur des semelles de ciment. Elles possédaient à profusion du trèfle à brouter sur de vraies prairies naturelles. Aujourd’hui, elles montent au balcon pour mieux se faire connaître et nous voir, nous les humains, afin que nous puissions mieux apprécier la bonté de leur âme à tout jamais réfugiée dans la mélancolie de leur regard, mélancolie qui nous emporte et nous rappelle la musique d’un souvenir, quand nous étions enfants, et que nous parodions en tirant la langue, la poésie de ses paroles : meuuhh…

R.Rillot

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