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07 avril 2009

Le déjeuner du 15 août : jour de fête

Du néoréalisme où s’illustrèrent Vittorio De Sica, Roberto Rossellini et tant d’autres aux comédies noires de Dino Risi, le cinéma italien se caractérise essentiellement par la peinture quotidienne et sans prétention de l’humanité, bien loin des héros de films d’action : un cinéma de personnages, où la moindre silhouette prend un relief incomparable. On retrouve cette qualité dans l’œuvre singulièrement attachante de Gianni di Gregorio.

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A la veille de Ferragosto, c’est-à-dire du 15 août, Gianni lit les Trois Mousquetaires à sa mère, avec qui il partage un bel appartement en plein cœur du Trastevere, à Rome, et la vieille dame s’endort paisiblement sous les yeux de son fils de cinquante ans, dont on peut imaginer qu’il rejoue en inversant les rôles une scène vécue quatre décennies plus tôt.
Le matin suivant, dans l’escalier, Gianni croise Alfredo son syndic qui vient faire état de quelques dettes fâcheuses. Mais il y a moyen de s’arranger…
Car Alfredo est l’heureux fils de Marina, contemporaine de la mère de Gianni, et l’heureux neveu de Maria, reine du gratin de pâtes, et sensiblement du même âge. N’en disons pas plus, si ce n’est que comme les trois mousquetaires, les mamies seront vite quatre.

Bien que le réalisateur soit l’un des scénaristes de « Gomorra », le pacifisme est de rigueur. Cependant les vieilles dames ne sont pas forcément de tout repos, et il faudra à Gianni d’énormes quantités de chablis pour survivre à ce week-end.

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Il est rare que le thème du grand âge soit évoqué avec un tel mélange de bienveillance, d’humour et de sensibilité. Les classiques cinématographiques consacrés à la vieillesse, car il y en a, et d’excellents, exploitent souvent une veine tragique, comme « la Fin du Jour », ou grinçante, comme « Tatie Danielle ». Ici, dans cette Rome rayonnante, même la mélancolie est absente : personne ne s’attendrit sur son sort, et la vie circule à chaque plan. Gianni di Gregorio démontre que l’on peut faire un excellent déjeuner avec du poisson pêché dans le Tibre par des sans logis, et qu’il y a encore moyen de s’amuser, de diverses façons, à 90 ans.

Entouré de quatre Bette Davis, Gianni di Gregorio, dans le rôle du buveur surmené, fait excellente figure. C’est cela aussi, la magie du cinéma italien : chaque interprète donne le meilleur de lui-même, sans pour autant éclipser les autres.
Un film de Gianni Di Gregorio, avec Valeria De Franciscis, Marina Cacciotti, Maria Cali, Grazia Cesarini Sforza, et Gianni Di Gregorio.
Josée Cathala

Commentaires

Votre critique donne envie de voir ce joli film réjouissant! et j'espère y prendre autant de plaisir que j'en ai eu à lire votre analyse.

Écrit par : Marie-Josée | 08 avril 2009

Bravo pour l'analyse fine et spirituelle que vous faites du "Déjeuner du 15 août" ! J'y ai retrouvé le ton du cinéaste.
Ce que j'apprécie dans ce film c'est que les personnages sont décrits avec une malice toujours "affectueuse".

Écrit par : Claire | 17 avril 2009

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